Le président russe, Dmitri Medvedev, a entamé lundi une visite officielle en Arménie, pour des entretiens sur l'économie et le conflit au Nagorny Karabakh avec ce fidèle allié de Moscou dans le Caucase, où une guerre a opposé en août la Russie à la Géorgie pro-occidentale.

Son avion s'est posé à Erevan à 19h45 (10h45 HAE), a annoncé son service de presse.«Les présidents vont discuter de la situation dans le Caucase à la suite de l'agression du régime géorgien contre l'Ossétie du Sud et des problèmes internationaux», a dit à la presse une source au Kremlin, qui a requis l'anonymat.

«La position de la Russie (sur le Karabakh) reste inchangée : Moscou a l'intention d'aider les parties en conflit à chercher des solutions réciproquement avantageuses», a ajouté cette source.

La visite de M. Medvedev intervient après celles du sous-secrétaire d'Etat américain pour l'Europe et l'Eurasie, Daniel Fried, et du représentant de l'Otan dans le Caucase du Sud, Robert Simons.

«L'Arménie poursuivra la coopération avec l'Alliance atlantique en la considérant comme un élément de la sécurité du pays», a déclaré lundi le président arménien Serge Sarkissian en recevant M. Simons.

M. Fried a souligné vendredi que le conflit entre la Russie et la Géorgie avait mis en exergue les dangers des différends non résolus dans le Caucase.

«Les relations stratégiques (russo-arméniennes) doivent être revues», Moscou ayant «des questions à l'égard d'Erevan concernant sa position» dans la crise géorgienne, écrit lundi le quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta.

«Après avoir condamné l'agression de Tbilissi» (contre son territoire séparatiste de l'Ossétie du Sud) à l'occasion d'un sommet régional sous la houlette de la Russie, le président arménien «a soutenu l'intégrité territoriale de la Géorgie au cours d'une visite à Tbilissi fin septembre», rappelle le journal.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, présent à Erevan début octobre, «a tenté d'éclaircir la position arménienne dans ce dossier».

A la suite de ce déplacement, il a déclaré dans une interview au quotidien officiel russe Rossiïskaïa Gazeta qu'il était «dans l'intérêt» de l'Arménie, de facto «isolée» et ayant «des difficultés à communiquer avec le monde» à cause du conflit au Karabakh, de débloquer cette situation.

«L'Arménie a connu des difficultés pendant la crise géorgienne liées au transit de marchandises par la Géorgie (...), ce qui montre la nécessité absolue d'un règlement urgent», avait-il souligné.

Cette déclaration a servi de «douche froide» aux autorités arméniennes, selon Nezavissimaïa Gazeta.

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a promis le 13 octobre de renforcer l'isolement de l'Arménie, tant qu'elle ne renoncera pas à l'«occupation» du Nagorny Karabakh.

Dans un effort pour apaiser les tensions, le président turc, Abdullah Gül, a effectué début septembre une visite historique en Arménie à l'occasion d'un match de football entre les équipes nationales turque et arménienne, la première d'un président turc dans ce pays.

La Turquie n'entretient pas de relations diplomatiques avec l'Arménie en raison de divergences sur la façon de qualifier les massacres d'Arméniens (pour Erevan, il s'agit d'un génocide) commis en 1915-17 en Anatolie.

Ankara, qui a des liens étroits avec l'Azerbaïdjan turcophone, a en outre fermé sa frontière avec l'Arménie en 1993, après le conflit entre Bakou et Erevan sur le Nagorny-Karabakh, dont la sécession a conduit à la guerre entre les deux pays, qui a fait près de 30 000 morts.