L'ancien responsable des ultra-nationalistes serbes, Tomislav Nikolic, fonde mardi le Parti serbe pour le Progrès, entérinant la scission du camp ultra-nationaliste, hier encore tout puissant, et veut faire de sa formation un parti d'opposition «démocratique et moderne» tourné vers l'UE et la Russie.

Le Parti Serbe pour le Progrès (PSP) sera «un parti politique démocratique et moderne (...) avec pour objectif d'améliorer la vie des citoyens en Serbie», a déclaré Tomislav Nikolic à l'AFP.La Russie reste le pays «le plus populaire» en Serbie mais «la vie économique ne peut plus être conçue en dehors de l'appartenance à l'Union européenne», a-t-il ajouté.

«Je voudrais ouvrir (à la Serbie) les portes vers l'UE», sans vouloir pour autant rompre la «coopération avec la Russie».

«Nous n'avions pas jusqu'à présent de parti politique qui accepterait en même temps l'Est et l'Ouest», a-t-il poursuivi.

Tomislav Nikolic, 56 ans, et la formation ultra-nationaliste qu'il dirigeait, le Parti radical de Serbie (SRS), ont été les principaux rivaux des forces pro-européennes lors des élections présidentielles et législatives de janvier et mai derniers.

Il a réussi à faire du SRS un parti politique très influent depuis le départ de son chef, Vojislav Seselj, inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie pour son rôle pendant les guerres des années 90.

Mais les scissions sont apparues depuis les élections législatives au sein du SRS, éclatant en plein jour en septembre, lorsque Tomislav Nikolic se prononça en faveur de la ratification d'un important accord de rapprochement de la Serbie à l'UE.

Pour Vojislav Seselj, qui suit de près l'activité du SRS depuis sa cellule, s'en était trop. Ses partisans multiplièrent les imprécations contre «le traître» Nikolic avant de d'expulser du parti avec ses partisans.

Même s'il considère toujours Vojislav Seselj comme un «ami très proche», Tomislav Nikolic estime que le chef des Radicaux «vit toujours dans son monde et que le temps s'y est arrêté».

Tomislav Nikolic assure que vingt députés issus du SRS l'ont rejoint, ainsi qu'un «nombre considérable de membres» du Parti radical.

«Nous avons imprimé 80 000 cartes de membres. Elles ont été écoulées sur le terrain et on nous demande maintenant 80 000 supplémentaires», selon lui.

Un ralliement de poids pour Tomislav Nikolic a été celui de l'ancien secrétaire général des Radicaux, Aleksandar Vucic, 38 ans.

Dans une interview au quotidien Alo, Aleksandar Vucic, a expliqué que le PSP voulait devenir «un parti modéré de droite, pas très éloigné du centre politique (...) Nous devons montrer que nous sommes favorables à l'édification d'une Serbie normale, bien élevée et faire passer le message qu'il faut parler avec tout le monde, même avec ceux dont les positions ne nous plaisent pas».

Tomislav Nikolic assure qu'à en juger d'après les nouvelles adhésions, son parti n'aura pas le «handicap» dont souffrait à ses yeux les Radicaux, à savoir «le manque de jeunes et de personnes éduquées».

Pour lui, la question du Kosovo pourrait se résoudre dans le cadre de l'adhésion à l'UE.

«Je pense que l'adhésion à l'UE contribuerait considérablement à ce que les Serbes acceptent un statut modifié du Kosovo et à ce que les Albanais acceptent que ce statut ne soit pas l'indépendance. La Serbie devrait rejoindre l'UE avec le Kosovo et le Kosovo devrait se développer de manière autonome au sein de la Serbie».

Le Kosovo a proclamé son indépendance de la Serbie le 17 février mais la quasi-totalité de l'échiquier politique serbe, y compris les autorités de Belgrade, ne reconnaissent pas cette indépendance.