Soupçonné d'au moins une centaine de braquages dans le monde, le gang des «Pink Panthers», qui sévit depuis près de 10 ans, donne des sueurs froides aux bijoutiers du monde entier mais se heurte désormais à une réplique coordonnée au niveau international.

L'arrestation mercredi à Monaco d'un Serbe de 27 ans et d'un Bosniaque de 31 ans, soupçonnés d'appartenir à cette organisation qui opère depuis 1999, conforte la stratégie de coopération mise en place par les polices nationales via les bases de données d'Interpol.

Les empreintes des deux hommes, dont l'un est présenté comme un leader de l'organisation criminelle, avaient en effet été retrouvées sur les lieux d'un casse commis dans une bijouterie de la principauté en juin 2007.

En confrontant ces empreintes au fichier Interpol, la police monégasque avait pu déterminer leur identité et obtenir leurs photographies placardées en bonne place dans les services de la sûreté.

C'est ainsi que, mercredi, un policier a aussitôt reconnu, parmi les protagonistes d'un accident de la circulation, les deux braqueurs présumés, de retour en principauté.

Ils sont soupçonnés de sept à huit braquages en Suisse depuis 2005 pour un préjudice de 1,8 millions d'euros, d'un autre au Liechtenstein en 2006 et d'un casse à 11,2 millions d'euros à Dubaï en avril 2007, selon la police monégasque.

Ils préparaient vraisemblablement une nouvelle opération à Monaco.

«On peut dire que nous avons eu de la chance mais l'interpellation ne serait pas intervenue sans le gros travail d'identification et de recoupement mené en amont par les polices au niveau international», témoigne Christophe Haget, chef de la police judiciaire (PJ) de Monaco.

Depuis juillet 2007, un groupe de travail spécialement dédié à la traque des «Pink Panthers» est opérationnel au sein d'Interpol, précise-t-il.

Une réplique à la mesure des «exploits» de cette bande qui comprendrait quelque 200 membres dont une centaine identifiée, principalement issus des pays de l'ex-Yougoslavie, et tous spécialisés dans le braquage à main armée de bijouteries de luxe.

«Il y a un noyau dur et des individus qui gravitent autour de celui-ci en fonction des coups», décrit le chef de la PJ monégasque.

Leur surnom leur a été donné par les policiers anglais qui avaient retrouvé en 2004 une bague en diamant bleu cachée dans un pot de crème de soins, comme dans la célèbre comédie policière «La panthère rose» avec Peter Sellers et David Niven.

Les truands ont pris les policiers au mot et certains n'hésiteraient pas à commettre leurs méfaits habillés d'une chemise rose, témoigne un enquêteur.

La plaisanterie s'arrête là. Avec plus de 110 millions de préjudice estimé en moins de dix ans, les «Pink Panthers» ne sont pas des braqueurs de comédie.

«Ils opèrent en force, pénètrent dans les bijouteries, brisent toutes les vitrines et disparaissent en quelques secondes. Ce qui fait leur spécificité, et leur efficacité, c'est leur degré de précision. Pas un détail n'est laissé au hasard, notamment dans l'organisation de leur fuite», explique Christophe Haget.

«Ils effectuent des repérages minutieux et s'adaptent parfaitement à leur environnement. Dans un environnement luxueux, ils circuleront en limousine avec chauffeur. Au Japon, ils rouleront à vélo avec un masque sur le visage», ajoute-t-il.

Ils se déplacent généralement avec de vrais passeports, sous de fausses identités, qui les rendent difficile à pister. Une trentaine d'entre eux sont toutefois sous les verrous à travers le monde.