Des peines de huit à quinze ans de prison ont été requises mercredi contre trois homosexuels jugés par le tribunal de Groningue (nord des Pays-Bas) pour avoir voulu transmettre le virus du sida à quatorze partenaires lors d'orgies à leur domicile.

«Les Pays-Bas ont connu un instant un choc en mai 2007», lorsque l'affaire avait été révélée au public, a déclaré le procureur Marcel Wolters au troisième jour du procès qui doit s'achever vendredi.

«La combinaison d'orgies avec l'injection de VIH a provoqué, à juste titre, une grande indignation», a ajouté le procureur.

Les trois accusés, Hans Jurgens, 39 ans, Peter Mulder, 50 ans, et Wim Dekker, 49 ans, comparaissent pour violences aggravées, viols en réunion et possession illégale de stupéfiants entre 2005 et 2007.

Ils sont accusés d'avoir violé ou injecté du sang contaminé à leurs victimes pour leur transmettre le virus VIH dont ils étaient porteurs.

Peter Mulder, un infirmier, «donnait les ordres et s'occupait de fournir les seringues et aiguilles», a détaillé le procureur. Il est soupçonné d'avoir injecté du sang de son co-accusé Hans Jurgens aux victimes. Quinze ans de prison ont été requis contre les deux hommes.

Huit ans de prison ont été requis contre le troisième accusé. Il avait un rôle secondaire, s'occupant notamment de recruter les victimes par internet, selon le procureur. Quatorze hommes, dont douze sont séropositifs ou malades du sida, avaient porté plainte.

De «grandes quantités de seringues et d'aiguilles» ainsi que de la drogue avaient été saisies lors de leur arrestation en mai 2007, a rappelé le procureur.

Les victimes avaient été droguées à leur insu par un mélange d'alcool, d'ecstacy et de GHB (acide gamma hydro butyrique). Cette «drogue du viol», indétectable dans un liquide, a un effet désinhibant, voire anesthésiant sur l'utilisateur.

Les deux principaux accusés se sont rejeté la faute à l'audience tout en reconnaissant les injections. «Je comprends très bien que j'ai fait quelque chose de mal», a reconnu Peter Mulder, avant d'éclater en sanglots.

Plusieurs victimes sont porteuses d'une forme très virulente du virus et suivent un traitement à base d'antiviraux.

«Je ressens de la peur, de la colère, de la tristesse et de l'inquiétude», a témoigné l'une d'elles mercredi. «Je leur ai toujours dit que j'avais peur d'attraper le sida, je leur faisais confiance», a raconté une autre dans une déclaration lue par le président du tribunal.

«Comment peut-on avoir l'idée d'intentionnellement infecter les gens?», s'est interrogée une autre victime. «Cette question occupe mes jours et nuits. Je vais devoir supporter, en moi, toute ma vie ce crime et ses conséquences».

En cas de condamnation des suspects, leur avocat envisage de réclamer des dédommagements au civil.