La Russie a testé dimanche trois missiles intercontinentaux, et loué la qualité de son arsenal de dissuasion nucléaire lors d'une démonstration de force d'une ampleur, qui, selon des experts, n'avait plus été vue depuis la guerre froide.

 Deux missiles ont été lancés depuis des sous-marins nucléaires, l'un croisant en mer d'Okhotsk (extrême Orient), l'autre en mer de Barents (nord-ouest). Un troisième missile a été tiré depuis la base militaire de Plessetsk, dans le nord-ouest de la Russie, selon les agences russes.

Le président Dmitri Medvedev, qui a assisté au tir d'un missile Topol à Plessetsk, s'est félicité du succès de l'opération, alors que la veille déjà il avait assisté au lancement d'un missile intercontinental Sineva, qui aurait battu un «record» en s'abimant 11 500 km plus loin dans le Pacifique.

«Ceci démontre que notre bouclier (nucléaire) est en état de marche», a constaté M. Medvedev, après le lancement du Topol, qui en 22 minutes a couvert quelque 6 000 kilomètres pour s'écraser sur la péninsule du Kamtchatka.

Avec ces quatre essais réussis en deux jours, le président a réaffirmé sa volonté de renforcer l'armement russe, après avoir déjà assuré la veille que la Russie n'allait «pas ménager (ses) moyens financiers» pour développer sa puissance militaire.

«Nous introduirons bien sûr un nouveau type de forces et de moyens au sein de notre armée», a-t-il déclaré, cité par Ria Novosti, et «naturellement nous continuerons aussi à lancer des missiles balistiques traditionnels».

Un porte-parole de la marine russe, Igor Dygalo a confirmé à l'AFP le succès des tirs depuis les sous-marins qui ont atteint leurs cibles au Kamtchatka (extrême Orient russe) et sur un terrain militaire au bord de la mer Blanche, au nord-ouest de la Russie.

«Les missiles a touché leurs cibles dans le mile», a-t-il déclaré, reconnaissant que l'ampleur de ces exercices sortait de l'ordinaire.

L'analyste militaire Pavel Felgenhauer a pour sa part souligné le caractère extraordinaire de ces tests qui ont eu lieu dans le cadre des manoeuvres «Stabilité 2008» auxquelles participent toutes les branches de l'armée russe.

«C'est un tour de chauffe en cas de guerre avec les États-Unis», a même jugé l'expert.

Ces exercices militaires «stratégiques sont les plus importants depuis 20 ans. On peut tracer un parallèle avec ceux de la première moitié des années 1980. On n'avait rien vu de tel depuis, que ce soit en Russie ou aux États-Unis», a relevé M. Felgenhauer.

Déjà le mois dernier, deux bombardiers stratégiques russes Tupolev-162, capables de transporter chacun 12 missiles armés d'ogives nucléaires de 200 mégatonnes, participaient à des exercices militaires au Venezuela, bête noire de Washington en Amérique latine.

Enfin, plusieurs navires de guerre russes, font escale depuis samedi et pour trois jours à Tripoli en Libye pour participer à des manoeuvres en Méditerranée, avant de se rendre au Venezuela dans le cadre d'exercices militaires prévus au mois de novembre.

Ces démonstrations de la puissance militaire russe interviennent alors que Moscou a menacé de riposter aux projets américains de mettre en place un système de défense antimissile sur les territoires de la Pologne et de la République tchèque, deux pays de l'ex-bloc soviétique.

La guerre des mots entre la Russie et les États-Unis s'est encore aggravée en août, en raison de la guerre en Géorgie, une ex-république de l'URSS désormais alliée de Washington.