Un tribunal de Kiev a suspendu samedi le décret du président ukrainien Viktor Iouchtchenko prononçant la dissolution du Parlement et ordonnant la tenue de législatives anticipées, a annoncé le parti du premier ministre Ioulia Timochenko, qui a attaqué en justice la décision du chef de l'État.

«En conséquence, le processus électoral n'a pas commencé» samedi comme prévu, a déclaré Volodymyr Pylypenko, du parti de Mme Timochenko, cité par l'agence de presse Interfax. Le Bloc Ioulia Timochenko a attaqué en justice le décret présidentiel, estimant que le chef de l'État n'avait pas le droit de dissoudre le Parlement, car un an ne s'est pas écoulé depuis la prise de fonction de l'assemblée élue en septembre 2007, a expliqué à l'AFP le député Valery Pissarenko.

La présidence a fait immédiatement appel du jugement, alors que la Commission électorale a indiqué qu'elle interrompait le travail de préparation du scrutin prévu le 7 décembre prochain.

«Nous avons déposé une demande et insistons pour qu'elle soit examinée sans délai car la décision du tribunal (...) n'est pas légale, c'est une attaque politique visant à bloquer le travail de commission électorale et le processus électoral», a estimé Rouslan Kiriliouk du service juridique de la présidence.

Mais plusieurs députés du Bloc Ioulia Timochenko bloquaient samedi après-midi l'accès à la cour d'appel censée examiner la requête de la présidence, estimant que les juges n'avaient pas légalement le droit de se prononcer sur ce dossier «avant jeudi», a indiqué M. Pissarenko.

Le président ukrainien avait limogé vendredi un juge après qu'il a accepté d'examiner la requête en annulation de son décret, arguant qu'il «n'avait pas les pouvoirs» de se prononcer sur ce document.

Le premier ministre, en conflit depuis de longues semaines avec le chef de l'État, avait de son côté estimé vendredi que les législatives «n'auront pas lieu» parce qu'aucun budget n'a été alloué pour la tenue de ces élections.

M. Iouchtchenko a prononcé mercredi la dissolution du Parlement, une manoeuvre visant selon les analystes à se débarrasser de Mme Timochenko, après la rupture de leur coalition pro-occidentale, provoquée par l'adoption de lois réduisant les pouvoirs présidentiels.