L'ancien chef d'état-major de l'armée yougoslave Momcilo Perisic a commencé à comparaître jeudi pour crimes de guerre et contre l'humanité devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, à La Haye.

Plus haut responsable de l'armée yougoslave à être jugé par le TPI, Momcilo Perisic, 64 ans, est poursuivi pour son rôle dans le siège de la capitale bosniaque Sarajevo entre août 1993 et novembre 1995, le bombardement de Zagreb par les Serbes de Croatie (mai 1995) et le massacre de près de 8.000 Musulmans à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie (juillet 1995).Momcilo Perisic a «constamment manqué à son devoir d'enquêter sur les crimes commis par ses officiers et de les punir», a affirmé le procureur Mark Hamon, en présentant un résumé des charges qui pèsent contre l'accusé, qui a commandé l'armée yougoslave de 1993 à 1998.

«Il a créé un climat d'impunité qui a encouragé ses subordonnés à persister à commettre des crimes dont ils connaissaient les conséquences», a souligné le magistrat.

Momcilo Perisic plaide non coupable de treize chefs d'accusation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour meurtres, persécutions pour motifs politiques, raciaux et religieux, exterminations et attaques contre des civils.

Il a été, a rappelé le procureur, «l'un des principaux collaborateurs» de Slobodan Milosevic, l'ancien président yougoslave, mort dans sa cellule à La Haye en 2006. Il s'était rendu volontairement au TPI le 7 mars 2005.

Selon l'accusation, Momcilo Perisic a, en tant que chef d'état-major de l'armée yougoslave, fourni personnels, armement et aide logistique à l'Armée des Serbes de Bosnie (VRS) et l'Armée de la Krajina serbe (entité serbe autoproclamée en Croatie).

Il a «fourni une aide militaire importante» qui a eu «un effet conséquent sur la commission des crimes», a affirmé le procureur Mark Hamon, selon lequel Momcilo Perisic a notamment mis des officiers «à disposition» de la VRS et de l'Armée de la Krajina serbe.

Leurs soldes, selon l'accusation, étaient payées en secret par l'armée yougoslave pour cacher l'implication de la République fédérale de Yougoslavie de Milosevic dans les guerres de Bosnie et de Croatie.

Momcilo Perisic est accusé d'avoir «encouragé et soutenu» la préparation et l'organisation du siège de Sarajevo par les Serbes de Bosnie, au cours duquel des milliers de musulmans ont été tués par des tirs de soldats postés sur les hauteurs de la ville.

«Milosevic avait décrit cela comme un sacré bombardement criminel», a affirmé le procureur, selon lequel Perisic «connaissait mieux que d'autres les effets dévastateurs de l'artillerie».

Momcilo Perisic est également accusé d'avoir «encouragé et soutenu» les meurtres et les persécutions commis par ses subordonnés servant dans l'armée des Serbes de Bosnie lors du massacre de Srebrenica, au cours duquel près de 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués.

L'acte d'accusation cite notamment Ratko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie, nommé en 1994 général de l'armée yougoslave, qui est en fuite depuis 13 ans.

L'accusation reproche également à Momcilo Perisic sa responsabilité dans le bombardement de la capitale croate Zagreb par les Serbes de Croatie en mai 1995, au cours duquel sept civils ont été tués et au moins 194 autres ont été blessés.

Le TPI a déjà condamné plusieurs subordonnés de Momcilo Perisic. Le général Stanislav Galic a été condamné en appel à la prison à vie pour une campagne de «terreur contre la population civile» lors du siège de Sarajevo.

Le chef des séparatistes serbes de Croatie, Milan Martic, a lui fait appel de sa condamnation à 35 ans de prison.