Les ministres de la Défense de l'Union européenne se sont prononcés dans leur majorité mercredi pour un retrait des soldats européens de Bosnie, et le lancement d'une autre opération civile ou militaire, a annoncé le ministre français Hervé Morin.

«Parmi quatre options étudiées, nous avons privilégié la clôture de la mission militaire sous sa forme actuelle», a déclaré M. Morin, dont le pays préside l'UE, à l'issue d'une première journée de travaux à Deauville (ouest de la France).L'opération Eufor Althea en Bosnie, lancée en 2004 avec 7.000 soldats pour prendre le relais de l'Otan, avait déjà vu ses effectifs réduits à 2.500 hommes l'an dernier en raison de l'amélioration de la situation politique dans l'ancienne république yougoslave.

Le ministre français a précisé que le retrait serait «progressif», d'autant qu"'il n'y pas eu unanimité totale, un ou deux pays», qu'il n'a pas nommés, «restant pour le maintien des forces actuelles».

Aussi a-t-il appelé à «faire une analyse fine avec la prudence nécessaire pour que l'ensemble des efforts que nous avons menés depuis des années» dans l'ancienne république yougoslave ravagée de 1992 à 1995 par une guerre civile entre Bosniaques croates, serbes et musulmans «ne soient pas réduits à néant».

«Ce n'est pas la peine d'avoir consacré autant d'énergie pour stabiliser un pays et risquer de tout mettre par terre», a insisté M. Morin.

Il s'agit donc de «transformer cette mission», ou plutôt de la «remplacer par une autre mission», civile ou militaire, a-t-il dit, espérant pouvoir formaliser la décision le 10 novembre à Bruxelles lors de la prochaine réunion des ministres de la Défense de l'UE.

La nouvelle opération de l'UE en Bosnie pourra être «militaire», sous la forme d'un «monitoring de la situation et des conseillers militaires pour faire monter en puissance les forces bosniaques». Ou, a encore dit M. Morin, «ce peuvent être des missions civiles, notamment des missions de type Eulex, c'est-à-dire de police et de justice».

Les 27 étudieront la création d'une force de réaction rapide qui serait basée hors du territoire bosniaque pour intervenir en cas d'urgence, une fois Althea partie, a indiqué un diplomate français.

Le général britannique John McColl, à la fois commandant en chef adjoint des forces de l'Otan en Europe et de l'opération européenne en Bosnie, est «mandaté» par les 27 pour «présenter des options plus précises» d'ici à cette date, a-t-il ajouté.

Selon le même diplomate français, «un consensus assez large a été trouvé pour dire que l'opération militaire est un succès».

Les ministres européens ont en revanche écarté deux autres options que leur a soumises le général McColl: un retrait «sec, sans mission d'accompagnement» des forces de l'UE ou le statu quo.