L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle française Ségolène Royal a offert durant le week-end à Paris une prestation politique nouvelle manière, à la fois mystique et show-business, qui suscitait lundi étonnement, amusement et critiques.

 

Débarrassée de son habituel tailleur strict, elle est apparue en longue tunique bleue sur jeans, les cheveux nouvellement ondulés, pour animer une «rencontre de la fraternité», un meeting politique mêlant prestation d'artistes devant 4000 supporteurs munis de drapeaux tricolores, trompettes et calicots.

Mme Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, avait délaissé le traditionnel pupitre des meetings politiques pour se déplacer sur la scène du Zenith, salle de concerts de rock, appuyant ses paroles d'une gestuelle affirmée et faisant reprendre en choeur le mot «fraternité» à un public conquis.

«Entre mystique, discours et One Woman Show, Ségolène Royal a présenté un objet politique non identifié», a estimé le quotidien de gauche Libération, fervent soutien de la candidate lors de la bataille électorale de 2007 face à Nicolas Sarkozy.

La presse se montrait particulièrement ironique sur cette rencontre au style décalé. Le Figaro (droite) a d'abord raillé sa mise: «Et soudain, la Jeanne d'Arc toute de blanc vêtue de la campagne présidentielle apparut en tenue de gourou sur la scène». Et de faire remarquer qu'«on cherche en vain la nouvelle offre politique» de Mme Royal.

Du côté socialiste, le coup de griffe le plus violent est venu du député Henri Emmanuelli, figure de l'aile gauche du PS.

«Cette vision de la politique axée sur le marketing, qui s'inscrit dans la logique de la publicité commerciale, qui néglige le fond (...), c'est le genre de cérémonie qui est entre le show business et le rassemblement de secte», a-t-il dit.

Dans son discours de 45 minutes, Mme Royal a retracé son chemin de croix depuis qu'elle s'est lancée en 2006 dans la campagne présidentielle, en se posant en victime du pouvoir et de ses camarades du Parti Socialiste, qui tient un congrès crucial en novembre pour la désignation de son Premier secrétaire.

Mme Royal a ainsi évoqué les «porte-flingues de l'Elysée», les «gentils coups bas», les «tendres attaques», les «amicales pressions» et les «charmantes épreuves personnelles», dans une allusion à sa séparation d'avec son ex-compagnon François Hollande, leader actuel du PS.

Autant d'épreuves qui n'ont pas entamé l'ambition de celle qui rêve d'être la première femme à présider la France. «Je suis là aujourd'hui», a affirmé l'ancienne candidate socialiste, autrefois portée par les sondages, mais dont l'étoile pâlit selon les dernières enquêtes d'opinion.

Un sondage paru dans le Journal du Dimanche la place en 3e position derrière le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et l'ancienne ministre Martine Aubry, pour la conquête du poste du Premier secrétaire du parti.

«Je serai là demain. Rien ne me fera reculer sur le chemin que j'ai choisi et sur lequel nous marchons ensemble», a lancé Mme Royal devant ses partisans.

Ses deux principaux rivaux socialistes ont réagi sobrement. La maire de Lille Martine Aubry a simplement noté que chacun avait «son style», affirmant qu'elle-même n'avait «rien à dire dès lors qu'on n'était pas dans la confrontation, dans le débat d'idées».

Même tonalité chez l'autre rival. «Moi, je fais mon travail, je suis quelqu'un de naturel qui ne se met pas en scène», a déclaré Bertrand Delanoë.