Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche soir à Minsk contre les élections législatives, qu'elles jugent non démocratiques, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Dès la fermeture des bureaux de vote à 20H00 (13H00 HAE), les manifestants se son rassemblés sur la Place d'Octobre, dénonçant une «farce» électorale et critiquant le régime autoritaire du président Alexandre Loukachenko, allié traditionnel de Moscou mais qui cherche à se rapprocher de l'Occident.

«Loukachenko, dernier dictateur d'Europe», «Les dictateurs à la poubelle de l'Histoire! «, «Pour des élections libres», «Non aux bases militaires russes», pouvait-on lire sur les banderoles.

Les manifestants, pour beaucoup de jeunes militants d'opposition, brandissaient des drapeaux de l'UE sur lesquels était écrit «Bélarus», des drapeaux orange, en référence à la Révolution orange pro-démocratique de 2004 en Ukraine, et des drapeaux blancs-rouges, les couleurs historiques du Bélarus.

Ils se sont ensuite dirigés vers la Place Lénine, en scandant des slogans appelant à plus de démocratie au Bélarus. «Nous sommes venus montrer que nous voulons vivre dans une Europe libre», criait un manifestant dans un haut-parleur.

«Loukachenko n'est pas honnête, il ne nous plait pas, c'est un dictateur. On a fusillé mon père en 1937, ma mère a passé huit ans dans les camps. Je suis toujours contre ce genre de pouvoir et Loukachenko est dans la ligne de Staline», a confié Maïa Stachevskaïa, 81 ans.

«L'Europe ne doit pas reconnaître ces élections. Loukachenko n'organise pas d'élections libres, il nomme les siens», a renchéri une autre manifestante, Elena Kondrachevitch, 65 ans.

L'Union européenne a promis une levée des sanctions qui empêchent notamment 40 responsables dont le président Loukachenko de voyager dans les pays de l'UE si des progrès vers la démocratie sont constatés dans le déroulement du vote.

Très peu de policiers étaient présents, un contraste saisissant avec les manifestations de ces dernières années au Bélarus, toujours accompagnées d'un impressionnant déploiment de forces anti-émeutes.

Des hommes en civil filmaient en revanche les manifestants, autre tradition de ce régime policier. L'un d'entre eux, à qui l'on demandait pourquoi il était là, a affirmé travailler pour un site Internet.

«Il y a 600 manifestants, dont une moitié de flics», a lancé en plaisantant un des rares policiers présents, avant de rectifier : «Allez disons qu'il y a 500 manifestants et 100 flics en civil !».

La manifestation n'avait rien de comparable non plus avec les rassemblements de protestation qui avaient suivi la présidentielle de 2006. Ils avaient réuni jusqu'à 10 000 personnes le soir de l'élection et s'étaient soldés par l'arrestation de centaines de personnes.

Alexandre Loukachenko avait alors été réélu dans des conditions controversées, sur un score de 83% des voix.