Les Autrichiens votaient dimanche lors d'élections législatives anticipées après l'échec de la coalition gauche-droite au pouvoir, qui pourraient voir une forte progression de l'extrême droite dans le pays.

Pour leur part, les deux grands partis autrichiens, le conservateur ÖVP et le social-démocrate SPÖ, devraient, selon les sondages, enregistrer dimanche leur plus mauvais score historique de l'après-guerre.

Alors que toute l'Autriche était baignée d'un doux soleil d'automne, 6,3 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. Aucun chiffre national de participation n'a été publié pour la mi-journée, mais, selon la télévision nationale ORF, la participation était en légère baisse dans quatre des neuf provinces par rapport au scrutin du 1er octobre 2006. Le taux final de participation avait atteint 78,5% ce jour-là.

Les élections ont été décidées à l'unanimité des 183 élus du parlement sortant après le divorce début juillet entre les partis ÖVP et SPÖ empêtrés alors depuis 18 mois dans des querelles sur une réforme fiscale et les moyens de lutter contre la vie chère.

«Je ne suis pas convaincue à 100% par le programme de l'ÖVP, mais c'est le moins pire» des deux grands partis, a souligné une électrice de 30 ans dimanche matin dans un quartier plutôt chic de Vienne.

Les instituts de sondages prédisent une issue très serrée pour ces deux formations, qui devraient chuter en-dessous de leurs scores les plus bas enregistrés en 1999, à 33,2% pour le SPÖ et 26,9% pour l'ÖVP.

L'impasse gouvernementale sur tous les grands dossiers a surtout profité à l'extrême droite, dont le parti FPÖ du bouillant Heinz-Christian Strache devrait gagner près de 10% avec entre 17 et 19% des suffrages. Ce faisant, le parti redeviendrait la troisième force politique du pays, ce qu'il avait déjà été dans les années 1990 et au début des années 2000.

«Je ne suis pas prophète mais 20% ce serait un beau succès historique» a-t-il lancé en votant dimanche matin.

Les Verts, stagnant dans les sondages, se trouveraient relégués au 4e rang. Leur dirigeant, Alexander Van der Bellen, a indiqué qu'il accepterait de former une coalition tant avec la gauche que la droite.

Les conservateurs ont provoqué début juillet le scrutin anticipé après le  virage eurosceptique unilatéral des sociaux-démocrates qui venaient de décider de soumettre à référendum tous les futurs traités européens.

Mais, selon nombre de politologues, le manque de charisme de Wilhelm Molterer, chef de file de la droite à 53 ans, est un handicap pour se hisser à la première place dimanche.

La gauche, elle, s'est dotée d'un nouveau dirigeant, Werner Faymann, 48 ans, en remplacement du chancelier Alfred Gusenbauer auquel les militants sociaux-démocrates ont reproché un manque flagrant de détermination à la tête du gouvernement de grande coalition.

Affichant un perpétuel sourire, Werner Faymann caracole en tête des cotes de popularité des chanceliers potentiels.

Dans une campagne électorale axée surtout sur la lutte contre la vie chère, Werner Faymann a in extremis, en s'alliant tantôt avec l'extrême droite, tantôt avec les Verts, fait adopter pêle-mêle lors de la dernière séance du Parlement le 24 septembre la réduction de moitié du taux de la Taxe à la valeur ajoutée (TVA) sur les médicaments, l'abolition des droits d'inscription universitaires, une substantielle augmentation des retraites et des allocations d'entraide.

Pour la première fois, 183.000 jeunes de 16 et 17 ans, soit 3% de l'électorat, ont le droit de vote et le mandat des députés sera de cinq ans, contre quatre auparavant.

Après la fermeture des bureaux de vote à 15H00 GMT, les télévisions doivent annoncer leurs premières estimations sur les résultats. Toutefois, plus de 580.000 électeurs (9,27%) ont demandé à voter par correspondance et leurs bulletins ne seront définitivement dépouillés que le 6 octobre.