Le Conseil de l'Europe a refusé fermement jeudi à Strasbourg toute éventualité d'un retour de la peine de mort en Lettonie, menaçant d'une exclusion de l'organisation «tout Etat membre qui s'aventurerait sur une telle dérive».

«La réintroduction de la peine de mort, en quelque circonstance que ce soit, ne sera plus jamais à l'ordre du jour, ni du Conseil de l'Europe, ni de l'Union européenne», a déclaré le Président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), Lluís Maria de Puig, en réponse au Président de la Commission des droits de l'homme du parlement letton qui avait appelé à un tel débat à l'UE.Le président de l'ACPE rappelle que la Lettonie, devenue membre du Conseil de l'Europe en 1995, a ratifié en 1999 la Convention européenne des droits de l'homme qui abolit formellement la peine de mort.

«Sa réintroduction mettrait en cause l'appartenance même à l'organisation de tout Etat membre qui s'aventurerait sur une telle dérive», a averti M. De Puig.

Le président s'est dit «préoccupé» par les récentes déclarations favorables à la peine de mort des ministres lettons de la Justice et de l'Intérieur, ainsi que du président de la commission des droits de l'homme du parlement letton.

«Aucun assassinat, aucun crime, le plus odieux qu'il soit, ne saurait justifier la peine de mort et nous attendons des représentants de nos Etats membres de porter au plus haut la bannière de nos valeurs communes», a déclaré M. De Puig en demandant à la Commission des questions juridiques et des droits de l'homme de l'APCE «de suivre cette situation de très près».

Après le meurtre fin août d'une fillette de 11 ans, égorgée par son père, qui avait vivement ému l'opinion lettone, Janis Smits, président de la Commission des droits de l'homme du parlement letton, avait déclaré début septembre au quotidien Diena qu'il fallait se rappeler l'obligation d'abolition de la peine de mort, «mais en même temps nous savons bien qu'il y a des crimes pour lesquels il y a la peine capitale aux Etats-Unis, ainsi que dans beaucoup d'autres pays démocratiques».

Le ministre letton de la Justice, Gaidis Berzins, avait estimé à la radio lettonne début septembre, que «de telles personnes n'ont pas leur place dans le société. Ce point de vue ne serait pas bien reçu, mais dans de telles situations, il faut un nouveau débat sur l'utilité de ne pas avoir la peine capitale».

Enfin, le ministre de l'Intérieur, Mareks Seglins, avait rappelé qu'il était «opposé à l'abolition de la peine de mort», même si «nous devons respecter les standards» de l'Union européenne.