Le premier ministre russe Vladimir Poutine a accusé jeudi Washington d'avoir orchestré le conflit en Géorgie pour donner un «avantage» à l'un des candidats à la présidentielle américaine, une thèse aussitôt disqualifiée par la Maison-Blanche.

«Si j'ai bien compris, cela laisse penser que quelqu'un aux États-Unis a créé ce conflit spécialement pour que la situation empire et pour créer un avantage en faveur de l'un des candidats dans la course serrée au poste de président des États-Unis», a déclaré Vladimir Poutine.

Il s'est exprimé jeudi au cours d'une entrevue sur la chaîne d'information CNN qui devait être retransmise dans la journée, mais dont des extraits ont été rendus disponibles sur l'internet et diffusés par la télévision russe.

Le premier ministre appuie ses accusations sur des responsables russes de la Défense. M. Poutine ne donne pas de nom, mais semble viser le candidat républicain John McCain, soutenu par le président américain George W. Bush et opposé au démocrate Barack Obama dans la course à la Maison-Blanche.

Selon le site internet de CNN, M. Poutine aurait expliqué qu'il s'agissait de détourner les électeurs américains des conflits en Irak et en Afghanistan et de leurs préoccupations concernant la mauvaise santé de l'économie.

«Ils avaient besoin d'une guerre courte, victorieuse. Et si cela ne fonctionnait pas, ils pouvaient toujours nous blâmer, nous faire passer pour l'ennemi de façon à raviver la fibre patriotique et ainsi rallier le pays autour d'une force politique précise», a analysé M. Poutine.

La Maison-Blanche a aussitôt balayé du revers de la main les accusations du premier ministre russe. «Laisser entendre que les États-Unis ont orchestré cela pour le compte d'un candidat politique, cela ne semble pas rationnel», a déclaré la porte-parole Dana Perino.

«Ces accusations sont évidemment fausses, une fois pour toutes. Mais il semble aussi que les responsables de la Défense qui ont dit croire que c'était vrai, lui donnent vraiment de mauvais conseils», a ajouté Mme Perino.

Autre accusation portée par Vladimir Poutine: des Américains auraient donné des «ordres» sur le terrain en Géorgie. «Le fait est que les citoyens américains se trouvaient vraiment dans la zone en conflit pendant les hostilités. Il devrait être admis qu'ils étaient là après avoir reçu des ordres de leurs supérieurs», a-t-il assuré.

La Maison-Blanche a par ailleurs fait savoir jeudi qu'elle envisageait d'annuler l'accord de coopération nucléaire civile avec la Russie, en réponse aux actions de Moscou en Géorgie.

Cet accord, signé le 6 mai, doit permettre aux deux pays de développer des relations commerciales dans ce secteur tout en luttant contre la prolifération nucléaire.

«Je ne crois pas qu'il y ait encore quoi que ce soit à annoncer, mais je sais qu'il y a des discussions», a indiqué Mme Perino, sans préciser davantage.

La porte-parole de la Maison-Blanche a également averti que personne n'avait intérêt à «chercher une nouvelle guerre froide».

«Tout ce que nous voulons, c'est un retour au statu quo, avant le début des hostilités le 7 août, avant que la Russie n'envahisse la Géorgie», a-t-elle déclaré.

«Nous voudrions voir un retour à une situation où la Russie peut être intégrée dans la communauté internationale. Malheureusement, la Russie a fait le choix de s'écarter de cette position», a-t-elle dit.