Le quotidien Washington Post, dont le collaborateur Jamal Khashoggi a selon des responsables turcs été tué au consulat saoudien d'Istanbul, a accusé mercredi Donald Trump et son gouvernement de mener une « opération de nettoyage diplomatique » pour préserver Riyad et le prince héritier Mohammed Ben Salmane.

Dans un texte signé par le comité de rédaction du journal et intitulé « Pourquoi l'administration Trump fait-elle le ménage pour le compte de l'Arabie saoudite ? », le Washington Post réclame une enquête indépendante sur la disparition du journaliste saoudien.

Le chef de la diplomatie américaine Mike « Pompeo, qui arborait un large sourire en saluant le prince héritier Mohammed ben Salmane [à Riyad mardi], semblait moins enclin à déterminer la vérité qu'à aider le dirigeant saoudien de facto à échapper à la crise qu'il a provoquée », a assené le Washington Post.

« Les Saoudiens seraient en train de préparer une version de l'histoire attribuant le meurtre de M. Khashoggi aux excès d'une équipe envoyée pour l'interroger. Cela permettrait d'éloigner la responsabilité [de cet acte] du prince héritier, qui aurait en fait ordonné et supervisé l'opération », a ajouté le journal.

« Le président Trump a indiqué qu'il était plus que prêt à aider dans cette combine », a jugé le Washington Post.

« Ce qui ne devrait pas être acceptable, c'est une opération de nettoyage diplomatique menée par l'administration Trump pour le compte d'un régime et d'un dirigeant dont elle a grossièrement fait le jeu, en dépit de ses abus croissants à l'intérieur du pays et à l'étranger », a poursuivi le journal.

« Jusqu'à ce que l'entière vérité sur M. Khashoggi soit dévoilée, les entreprises américaines devraient éviter le régime saoudien et le Congrès devrait bloquer toutes les ventes militaires » à Riyad, a-t-il conclu.

Donald Trump a souligné mercredi que les États-Unis avaient besoin de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le terrorisme, en se disant convaincu que toute la lumière serait faite sur la disparition de Jamal Khashoggi.

« Nous saurons ce qui s'est passé. J'espère que le roi et le prince héritier n'étaient pas au courant, c'est un facteur très important à mes yeux », a-t-il expliqué.