À Mexico Beach, sur la côte de la Floride dévastée par l'ouragan Michael, les habitants reviennent depuis vendredi matin pour constater les dégâts, retrouver leurs proches et... commencer une opération titanesque de déblayage.

Certains sont équipés de camionnettes ou de camions de déménagement, afin de récupérer ce que le cyclone a laissé intact. Pour d'autres, il n'y a plus grand-chose à sauver.

Les secours ont installé une tour de communication d'urgence, le réseau de téléphonie mobile étant hors service. Les services publics de sauvetage - pompiers, secours de l'État de Floride, d'autres États ou de l'Agence fédérale de gestion des urgences - ont installé leur QG sur une place de cette station balnéaire sur le golfe du Mexique et se partagent les zones de recherches.  

Pont coupé

Depuis le début de matinée, les pelleteuses et les camions-poubelles déblaient la route pour faciliter la circulation des convois. Mais le pont est coupé et il est désormais impossible de rejoindre par la côte la ville de Port Saint Joe, plus à l'Est.

Le gouverneur de Floride, Rick Scott, a visité la ville vendredi matin pour la première fois depuis l'ouragan.

« La commune a été dévastée, comme si elle avait été bombardée, cela ressemble à un théâtre de guerre, avec beaucoup de choses encore instables donc je veux que tout le monde reste prudent », dit-il à l'AFP.

Même si les distributions de vivres sont en bonne voie, poursuit-il, « nous continuons à avoir des besoins et j'attends du gouvernement fédéral qu'il fasse son travail ».

Charles Smith, 57 ans, est le propriétaire du Gulf View Motel depuis 34 ans. La façade de l'établissement, en bord de mer, est ravagée. Les fenêtres et le rez-de-chaussée sont éventrés, trois maisons sur pilotis qui étaient sur la plage ont enfoncé le bâtiment, un des toits a été emporté par le vent.  

« Je n'arrivais pas à ouvrir la porte de derrière à cause de l'eau. Le vent s'est engouffré, a brisé les fenêtres. Le réfrigérateur s'est retrouvé coincé dans la salle de bain. J'ai essayé de sortir, mais je ne pouvais pas ouvrir la porte », relate l'hôtelier, en estimant le niveau de la crue à plusieurs mètres. « Je vais me tourner vers les assurances, peut-être que j'obtiendrai de l'aide de l'agence fédérale des situations d'urgence, cela serait bienvenu ».

« Servez-vous »

M. Smith prévoit au moins deux ans de travaux, dont six mois simplement pour rétablir l'accès routier et l'électricité.

Un peu plus loin, le supermarché local est aussi éventré, ses portes défoncées. Les habitants se servent dans le stock de collations, cigarettes et bouteilles d'alcool. Une jeune fille, qui ne veut pas donner son nom, explique que les propriétaires ont donné l'autorisation.  

« Ils ont dit : "Prenez ce dont vous avez besoin, mais uniquement ce dont vous avez besoin" », assure-t-elle. Elle emporte une bouteille d'alcool. « C'est de cela que j'ai besoin en ce moment ».

Bob Tenbrunson, un retraité, a quitté sa maison de Mexico Beach avant l'arrivée de Michael pour se réfugier à Panama City chez sa fille. Après avoir constaté les dégâts, il a réparé ce qu'il pouvait.  

En tee-shirt, une serviette autour du cou, les mains sales après avoir déblayé les décombres, il confie : « J'ai consacré toutes mes économies et ma pension de retraite pour m'installer ici, donc il est impensable que je vende. Je ne peux qu'espérer que (la ville) va être reconstruite et réparée. Mais je ne peux m'empêcher de me demander à quoi cela va ressembler ».

Lui-même a suivi les consignes d'évacuation des autorités : il est parti se réfugier dans les terres avec son épouse. « Je ne suis pas censé être de retour », admet-il, l'accès au site restant interdit tant que dure la phase d'urgence.  

 « Ils continuent les recherches avec des chiens, constate M. Tenbrunson.  C'est vraiment une cité balnéaire, sans édifices en hauteur. Cela m'attriste ».