Une sénatrice démocrate a accusé jeudi le secrétaire d'État, Mike Pompeo, d'avoir « violé la loi » en certifiant que l'Arabie saoudite prenait des « mesures manifestes » pour épargner les civils au Yémen.

Mike Pompeo a émis cette « certification » la semaine dernière au sujet du rôle de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, alliés dans une coalition qui intervient militairement depuis 2015 au Yémen contre les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, bête noire de Washington.

Une loi imposait à l'administration une telle certification au Congrès pour maintenir inchangé son soutien logistique à ces deux pays arabes.

La décision de M. Pompeo avait immédiatement été contestée par plusieurs parlementaires et organisations internationales, d'autant qu'elle intervenait un mois seulement après un raid de cette coalition ayant coûté la vie à 40 enfants.

Dans son rapport au Congrès, le chef de la diplomatie reconnaissait d'ailleurs un nombre « bien trop élevé de victimes civiles » causées par l'alliance sous commandement saoudien.

Le Wall Street Journal a en outre rapporté jeudi, sur la foi d'un mémo confidentiel interne, que plusieurs services du département d'État avaient déconseillé à Mike Pompeo de « certifier » la bonne conduite de Riyad et Abou Dhabi. Il avait la possibilité de ne pas émettre cette certification, tout en confirmant le soutien logistique au nom des intérêts de sécurité nationale.

« Il était clair que cette certification était bidon lorsqu'elle a été annoncée, et les informations sur ce mémo interne confirment que l'administration a de toute évidence violé la loi », a déclaré la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen, à l'origine de cette disposition législative avec un collègue républicain.

« Les frappes aveugles de la coalition sous commandement saoudien coûtent la vie à de nombreux civils, et il est temps qu'elle réponde de ses actes », a-t-elle ajouté jeudi dans un communiqué, demandant au gouvernement de soumettre une nouvelle certification « qui correspond aux faits sur le terrain ».