La Cour pénale internationale (CPI) a expliqué mardi ne pas être « dissuadée » par les déclarations de Washington, qui a menacé de sanctions ses juges et procureurs s'ils poursuivaient des Américains pour des crimes de guerre en Afghanistan.

La Cour répondait au lendemain d'une attaque sans précédent du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, qui a déclaré que le tribunal basé à La Haye était « déjà mort » pour les États-Unis.

« La CPI, en tant que Cour de justice, continuera à faire son travail sans être dissuadée, conformément aux principes et à l'idée générale de la primauté du droit », a affirmé la Cour dans un communiqué envoyé à l'AFP.

John Bolton a dénoncé lundi la possibilité d'une enquête contre des militaires américains ayant servi en Afghanistan, mais aussi d'éventuelles investigations contre Israël à l'instigation de l'Autorité palestinienne.

« Si la Cour s'en prend à nous, à Israël ou à d'autres alliés des Américains, nous n'allons pas rester silencieux », a mis en garde le conseiller du président Donald Trump, annonçant une série de mesures de rétorsion possibles.

M. Bolton a accusé la juridiction internationale d'être « inefficace, irresponsable et carrément dangereuse ». Il a également évoqué des risques de sanctions contre les avoirs de la CPI dans le système financier américain ou encore la possibilité d'interdire aux membres de la Cour l'entrée aux États-Unis.

« Nous n'allons pas coopérer avec la CPI, nous n'allons pas lui fournir d'assistance, nous n'allons pas adhérer à la CPI. Nous allons laisser la CPI mourir de sa belle mort » car « pour nous, la CPI est déjà morte », a-t-il insisté.

Un soutien « ferme »

En réponse, la CPI a rappelé être « une institution judiciaire indépendante et impartiale ».

La Cour, basée à La Haye et chargée de juger notamment les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, a indiqué avoir reçu « un ferme soutien et la coopération » de la part des 123 États membres ainsi que d'autres États, organisations internationales et de la société civile.

« La France, avec ses partenaires européens, soutient la CPI, tant par sa contribution budgétaire que par son niveau de coopération avec elle », a réagi lundi le ministère français des Affaires étrangères. « La Cour doit être en mesure d'agir et d'exercer sans entrave ses prérogatives, de manière indépendante et impartiale ».

Le ministre allemand des Affaires étrangères a également réitéré son soutien à la Cour. « Nous sommes dévoués au travail de la CPI-particulièrement lorsqu'elle est sous le feu » des critiques, a-t-il indiqué sur Twitter.

La CPI a insisté sur le fait qu'elle exerce sa compétence uniquement lorsque les États impliqués ne sont pas capables ou ne souhaitent pas mener une enquête par eux-mêmes.

La Cour pénale internationale est régie par le Statut de Rome, un traité entré en vigueur en 2002 et ratifié depuis par 123 pays.

Les relations entre Washington et la CPI ont toujours été tumultueuses. Les États-Unis ont refusé d'y adhérer et ont tout fait pour éviter que des Américains puissent être visés par ses enquêtes.