Le témoin clé dans le procès de l'ex-directeur de campagne de Donald Trump a raconté en détail mardi comment il a aidé son ancien patron à échapper au fisc américain après avoir reçu des millions de dollars pour du travail de consultant politique fait en Ukraine.

Rick Gates, 46 ans, a plaidé coupable pour complot contre les États-Unis et faux témoignage en février et coopère actuellement avec le gouvernement en échange d'une peine de prison plus clémente.

Sans cette coopération, il aurait risqué «entre 50 et 100 ans de prison» a-t-il reconnu à la barre lors du contre-interrogatoire de la défense.

Il témoignait pour la deuxième journée consécutive dans le cadre du procès de Paul Manafort. Ce dernier est le premier à se retrouver mis sur le banc des accusés par l'équipe de Robert Mueller, procureur spécial chargé d'enquêter sur les soupçons d'ingérence russe dans la présidentielle américaine de novembre 2016, qui empoisonne le mandat de Donald Trump.

Il est accusé de blanchiment d'argent et fraude fiscale et bancaire sur des millions de dollars tirés de ses activités de lobbyiste pour l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, soutenu par Moscou, qu'il n'a pas déclarés au fisc.

Devant une salle bondée et en évitant soigneusement le regard de Paul Manafort, M. Gates a décrit les procédés utilisés pour cacher les paiements.

Il a expliqué comment les Ukrainiens avaient déposé des millions de dollars et d'euros sur plus d'une dizaine de comptes à Chypre, qui n'ont pas été déclarés au fisc américain.

«Il avait toujours le contrôle des comptes», a dit M. Gates en référence à M. Manafort.

Et à la requête de Paul Manafort, ces revenus n'ont pas non plus été déclarés à ses propres comptables, a-t-il ajouté.

Selon lui, M. Manafort lui avait demandé de faire passer les paiements pour des prêts, et payait fréquemment ses achats personnels, comme ceux de vêtements, par virements directs depuis les comptes à Chypre et d'autres à St-Vincent-et-les-Grenadines.

M. Gates a aussi reconnu avoir procédé à des «paiements non autorisés» à son propre profit, et a raconté que lorsque leur travail en Ukraine s'était asséché en 2015, M. Manafort avait eu du mal à payer ses factures, n'ayant pas d'autres clients à l'époque.

Les avocats de M. Manafort ont répondu en essayant de décrédibiliser Rick Gates.

«Je reconnais que j'ai eu une période de ma vie où j'entretenais une autre relation», a reconnu cet homme marié, père de quatre enfants.

«Après tous ces mensonges dits et ces fraudes commises, vous vous attendez à ce que le jury vous fasse confiance?», a martelé la défense.

Rick Gates a travaillé pour Paul Manafort de 2006 à 2016 et fut le directeur adjoint de la campagne de Donald Trump.

REUTERS

Croquis d'audience de Paul Manafort publié lundi.