Les dépouilles de militaires étrangers restituées la semaine dernière par la Corée du Nord sont probablement celles d'Américains, a estimé mercredi un responsable américain en marge de la cérémonie précédant leur départ de Corée du Sud pour Hawaï.

Pyongyang a remis vendredi 55 réceptacles contenant des dépouilles remontant à la Guerre de Corée (1950-1953), conformément à un accord entre le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong-un lors de leur sommet historique de juin à Singapour.

Le processus d'identification devrait prendre au moins plusieurs mois, voire des années, ont indiqué des experts.

Mais les premières évaluations laissent penser qu'il s'agit «probablement de dépouilles américaines», a déclaré John Byrd, directeur de l'analyse scientifique au sein de la Defense POW/MIA Accounting Agency (DPAA), l'agence américaine traitant des questions des soldats disparus.

«Les dépouilles sont conformes à des dépouilles que nous avons déjà récupérées en Corée du Nord [...] par le passé», a déclaré M. Byrd aux journalistes sur la base aérienne américaine d'Osan, en Corée du Sud.

Les réceptacles ont été conservés sur cette base depuis leur rapatriement de Corée du Nord vendredi et devaient être acheminés mercredi à Hawaï pour des analyses poussées.

«Il n'y a à ce stade aucune raison de douter qu'elles soient liées à des décès de la Guerre de Corée.»

«Une plaque d'identité»

Un demi-millier de personnes du Commandement des Nations Unies (UNC), mais aussi des États-Unis et de Corée du Sud assistaient mercredi sur la base aérienne à une cérémonie officielle avant le départ des dépouilles.

Tous recouverts du drapeau bleu et blanc de l'ONU, les réceptacles étaient alignés par rangées pendant la cérémonie.

«Les défunts de la Guerre de Corée n'ont jamais été oubliés par les États-Unis d'Amérique», indique l'UNC dans un communiqué.

«L'UNC ne laisse jamais de militaires derrière lui, vivants ou morts, et poursuivra la mission de rapatriement jusqu'à ce que chaque militaire rentre à la maison.»

À l'issue de la cérémonie, des soldats ont chargé avec précaution les réceptacles à bord d'un avion-cargo C-17.

M. Byrd a précisé qu'il «n'y avait qu'une seule plaque d'identité militaire fournie avec les dépouilles.»

«La famille de cet individu a été prévenue», a-t-il ajouté.

«Mais je mets en garde [...] au sujet du fait qu'il faut avoir à l'esprit que la plaque ne correspond pas nécessairement à la dépouille [...] dans le réceptacle», a-t-il poursuivi.

Parmi les éléments restitués par Pyongyang, figuraient aussi du matériel militaire, des uniformes, des casques, des bouteilles d'eau et des bottes, a-t-il dit.

L'ancien membre de la DPAA Jeong Yang-seung, qui a par le passé travaillé à l'identification de dépouilles américaines provenant de Corée du Nord, a indiqué qu'il était rare de retrouver les plaques d'identification lors des recherches de dépouilles.

«On ne retrouve pratiquement jamais de plaque», a déclaré M. Jeong, qui enseigne l'anthropologie médico-légale à la Middle Tennessee State University.

«Je ne crois pas que la Corée du Nord refuse de rendre les plaques quand elle en a, mais elle n'en a probablement pas beaucoup», a-t-il ajouté.

Selon l'association d'anciens combattants Veterans of Foreign Wars (VFW), plus de 35 000 Américains ont été tués sur la péninsule coréenne pendant la guerre de Corée. Parmi eux, 7700 sont encore considérés comme portés disparus, dont 5300 en Corée du Nord.

Un premier accord entre Washington et Pyongyang a permis le rapatriement de 229 lots de dépouilles entre 1990 et 2005. Mais cet accord a été suspendu lorsque les relations entre les deux pays s'étaient détériorées.