Les autorités américaines ont annoncé rouvrir une enquête emblématique sur l'assassinat, dans les années 1950, d'un adolescent noir devenu un symbole des droits civiques.

Emmett Till, 14 ans, avait été kidnappé, torturé et tué en août 1955 dans l'État du Mississippi, à l'époque de la ségrégation raciale.

Originaire de Chicago, ce garçon s'était rendu dans cet État du Sud profond pour rendre visite à des membres de sa famille. Son cadavre avait été retrouvé dans une rivière 72 heures après son enlèvement.

L'adolescent avait été tué plusieurs jours après qu'une femme blanche, Carolyn Bryant, eut assuré qu'il lui avait manqué de respect dans une épicerie, tentant de la peloter et utilisant un vocabulaire grossier. Des accusations fausses, a reconnu des décennies plus tard Mme Bryant.

La mère d'Emmett Till s'est battue toute son existence et jusqu'à sa mort pour que justice soit rendue au nom de son fils, dont elle avait exigé que le cercueil reste ouvert à ses obsèques, afin que le monde se rende compte des sévices qu'il avait endurés. Les photos du cadavre sont devenues historiques.

Arrêtés pour le meurtre, deux Blancs du Mississippi, Roy Bryant - le mari de Carolyn Bryant - et J.W. Milam, son demi-frère, avaient été rapidement innocentés par un jury uniquement composé de Blancs.

Quelques semaines plus tard, protégés par cet acquittement, les deux hommes avaient relaté à un magazine comment ils avaient bien enlevé la vie au garçon noir. Ils sont aujourd'hui décédés.

Dans un rapport discrètement communiqué au Congrès en mars, le département américain de la Justice a indiqué avoir relancé l'enquête «en se fondant sur des éléments nouveaux», mais sans préciser lesquels.

Les investigations étant en cours, les autorités ont refusé jeudi de livrer des informations supplémentaires.

Près de 63 ans après les faits, le meurtre d'Emmett Till reste considéré comme un catalyseur central du mouvement des droits civiques.

AP

Carolyn Bryant