Donald Trump a bousculé mardi ses alliés européens, en estimant que sa rencontre avec Vladimir Poutine, la semaine prochaine, pourrait être plus facile que le sommet de l'OTAN mercredi et jeudi à Bruxelles, qui s'annonce tendu.

« Il y a l'OTAN, le Royaume-Uni (...) et il y a Poutine », a énuméré le président américain, des jardins de la Maison-Blanche, avant d'embarquer pour une tournée européenne de plus d'une semaine.

Et de poursuivre : « Franchement, Poutine pourrait être le plus facile de tous. Qui l'aurait pensé... »

« Je pense que le fait de bien s'entendre avec la Russie, de bien s'entendre avec la Chine, de bien s'entendre avec les autres est une bonne chose », a-t-il ensuite ajouté.

M. Trump rencontrera lundi prochain son homologue russe à Helsinki, pour un premier sommet bilatéral historique, quelques jours après une réunion avec ses alliés de l'OTAN, qui s'attendent à être mis sous pression sur le partage des dépenses de défense.

Le président américain n'a de cesse de réclamer aux Européens d'accroître leurs dépenses militaires afin de respecter leur engagement de les porter à 2% de leur PIB en 2024.

Il vise particulièrement l'Allemagne, la première économie européenne, dont les dépenses pour la défense représentent 1,24% de son PIB.

Depuis lundi, Donald Trump prépare le terrain en enchaînant les tweets vindicatifs à l'égard des membres de l'Alliance.

« Les États-Unis dépensent bien plus pour l'OTAN que n'importe quel autre pays. Ce n'est pas juste, ni acceptable », a-t-il écrit lundi sur Twitter.

« Les pays de l'OTAN doivent payer PLUS, les États-Unis doivent payer MOINS. Très injuste! », a-t-il surenchéri mardi avant son départ pour l'Europe. « Ce n'est pas juste pour le contribuable américain. »

Les États-Unis ont assumé un peu moins de 72% des dépenses de l'OTAN en 2017 : 686 milliards de dollars sur un total de 957 milliards de dollars dépensés par ses 29 membres pour leur défense.

« Ami stratégique »

De nouveaux chiffres publiés mardi semblent confirmer l'argumentation du président américain, sept pays seulement - le Royaume-Uni, la Grèce, la Lettonie, l'Estonie, la Pologne, la Lituanie et la Roumanie - devant atteindre en 2018 l'objectif de 2% du PIB en dehors des États-Unis.

« Le partage du fardeau n'est pas équitable », a reconnu mardi le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. Mais « des progrès considérables ont été accomplis », a-t-il estimé.

« L'Europe dépense aujourd'hui beaucoup plus dans la défense que la Russie et autant que la Chine », a pour sa part souligné le président du Conseil européen Donald Tusk, s'adressant directement à M. Trump.

« J'espère que vous ne doutez pas qu'il s'agisse d'un investissement dans notre sécurité, ce qui ne peut pas être dit avec la même assurance au sujet des dépenses russes et chinoises », a lâché le dirigeant polonais.

« Chère Amérique, considérez mieux vos alliés, après tout vous n'en avez pas tant que ça », a-t-il également déclaré, se faisant le porte-voix des Européens, qui craignent qu'avec ses critiques, le président américain ne cherche à les diviser et à remettre en cause le fonctionnement même de l'Alliance, après avoir déjà fait capoter un G7 en juin au Canada.

M. Tusk a rappelé que l'Europe avait été « la première à réagir » après les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain, « 870 hommes et femmes européens » ayant « sacrifié leur vie » en Afghanistan.

« Monsieur le Président, n'oubliez pas cela demain, lorsque nous nous réunirons au sommet de l'OTAN, mais surtout lorsque vous rencontrerez le président Poutine à Helsinki. Il est toujours intéressant de savoir : qui est votre ami stratégique? Et qui est votre problème stratégique? », a-t-il lancé.

L'avion du président américain, qui voyage accompagné de son épouse Melania, doit atterrir dans la soirée (vers 19H30 GMT) en Belgique.

Environ 2400 policiers et 1000 militaires belges seront mobilisés pour sécuriser le sommet de l'OTAN pendant deux jours.

M. Trump doit ensuite se rendre vendredi au Royaume-Uni pour rencontrer la première ministre Theresa May.