Donald Trump a annoncé jeudi le départ de Scott Pruitt, secrétaire de l'Environnement englué dans une impressionnante cascade de scandales liés à son train de vie et à son utilisation des fonds publics.

Pendant des mois, le président américain est resté sourd aux appels à se séparer de cet homme devenu encombrant, qui était aussi l'un de ses lieutenants les plus zélés.

Brique par brique, ce farouche partisan du retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, s'est employé, à la demande expresse de Donald Trump, de détruire le bilan environnemental de Barack Obama, sabrant une à une les règlementations passant à sa portée.

Mais au fil de révélations quasi-quotidiennes, la situation était devenue intenable et la Maison-Blanche avait ouvertement exprimé son exaspération ces derniers jours.

«J'ai accepté la démission de Scott Pruitt de son poste de dirigeant de l'Agence de protection de l'environnement (EPA)», a indiqué M. Trump dans un tweet qui ne donne aucune indication sur les raisons de son départ et ne mentionne à aucun moment les affaires visant cet ancien procureur général de l'Oklahoma.

De multiples enquêtes ont été officiellement lancées depuis des mois par l'inspecteur général de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), par deux offices fédéraux indépendants, ainsi que par la Chambre des représentants.

Saluant le «travail exceptionnel» réalisé selon lui par M. Pruitt, 50 ans, le locataire de la Maison-Blanche précise simplement qu'Andrew Wheeler, numéro deux de l'EPA, assurera l'intérim.

Depuis sa prise de fonctions en février 2017, Scott Pruitt semble avoir profité de sa fonction pour améliorer son train de vie et celle de sa famille, violant plusieurs lois fédérales et punissant les subordonnés qui soulèveraient des objections ou ne lui montreraient pas la loyauté qu'il attendait d'eux.

Logé via des amis lobbyistes

Tout a commencé par des dépenses de voyages excessives, en première classe ou dans des avions affrétés aux frais du contribuable, contrairement aux règles gouvernementales. Puis on a découvert le nombre pléthorique de gardes du corps accompagnant l'administrateur, 24 heures sur 24, même à l'étranger, pour un coût presque doublé par rapport à ses prédécesseurs.

M. Pruitt a aussi fait installer une cabine téléphonique sécurisée dans ses bureaux de Washington, pour 43 000 $ - une somme jugée excessive.

Pour ses dépenses personnelles, l'homme était semble-t-il plus regardant.

Il a ainsi obtenu, par des amis lobbyistes, de pouvoir louer un grand appartement à Washington 50 $ la nuit, seulement quand il dormait dans la capitale - un prix défiant toute concurrence.

Ce faisant, il utilisait certains membres de son cabinet pour des tâches personnelles, comme de véritables assistants personnels, chargés de lui trouver un autre appartement à louer, de lui dénicher des billets pour un match, ou d'aider sa femme à trouver un emploi.

Au-delà de ces affaires qui ont défrayé les chroniques, c'est ses prises de position politiques qui en avaient fait l'ennemi juré des organisations environnementales.

Lorsqu'il était procureur général de l'Oklahoma, Scott Pruitt avait ferraillé devant les tribunaux contre l'administration Obama, main dans la main avec l'industrie pétrolière dont il était de facto l'un des lobbyistes les plus efficaces.

Il avait intenté plus d'une dizaine d'actions en justice contre des directives de l'EPA, notamment en 2015 contre le «Clean Power Plan», clé de voûte de l'action environnementale de l'ancien président démocrate, destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales à charbon.

Trois semaines après son arrivée à la tête de l'EPA, Scott Pruitt affirmait, à rebours du très large consensus de la communauté scientifique, que les activités humaines (via l'utilisation des énergies fossiles) n'étaient pas le moteur principal du réchauffement climatique en cours.