La conseillère du président américain Ivanka Trump a réagi à l'affaire de la controversée politique de «tolérance zéro» appliquée à la frontière entre le Mexique et les États-Unis.

«Sa fille a vu les images [d'enfants séparés de leurs parents] et a dit que, pour de multiples raisons, nous devrions remédier à cette situation», a affirmé Chris Collins à CNN.

L'élu républicain venait de sortir d'une réunion à huis clos, mardi soir, entre le président Trump et sa majorité républicaine à la Chambre pour parler d'une réforme de l'immigration qui peine à voir le jour. 

Un autre élu républicain, Carlos Curbelo, a également fait état du témoignage de Donald Trump. «Il a mentionné que sa fille l'a encouragé à mettre un terme [à ces séparations], et il a admis que les images sont douloureuses, et qu'il cherche une solution législative», a dit M. Curbelo à CNN.

«Arrêtez de séparer les enfants!» 

M. Trump a été interpellé avec virulence par des élus démocrates à sa sortie de réunion, un face-à-face rarissime entre des parlementaires et le président américain dans les couloirs d'ordinaire feutrés du Capitole. 

«Monsieur le président, vous avez pourtant des enfants! Vous avez pourtant des enfants M. le président. Est-ce que vous aimeriez qu'on sépare vos enfants?», a crié Juan Vargas, élu de la Chambre des représentants, lorsque Donald Trump sortait d'une réunion avec les républicains.

Le président s'est contenté de se retourner et de saluer en souriant en direction des caméras, derrière cette demi-douzaine d'élus démocrates qui portaient des photos d'enfants en pleurs et des panneaux avec le slogan «les familles doivent être ensemble»

«Arrêtez de séparer les enfants», a lancé un autre parlementaire, pendant que l'équipe de la Maison-Blanche, dont la secrétaire à la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen, passait avec le président.

Loin de fléchir face à la controverse provoquée par les séparations de familles de migrants, il pousse les républicains, pressés de voir cesser l'avalanche de récits déchirants d'enfants séparés, à présenter un texte qui réglerait cette situation tout en comprenant ses exigences, notamment le financement d'un mur à la frontière.

Depuis l'annonce de la politique américaine de «tolérance zéro» début mai, 2342 enfants et jeunes migrants ont été séparés de leurs familles (du 5 mai au 9 juin), fuyant pour la plupart la violence qui ronge l'Amérique centrale.

En vertu de cette politique, la Maison-Blanche a décidé de poursuivre au pénal tous les clandestins qui franchissent illégalement la frontière, ce qui pousse à la séparation des familles, les enfants ne pouvant pas être incarcérés. Les précédents gouvernements avaient privilégié des poursuites au civil, ce qui évitait ces situation.

Sans attendre»

«Nous avons une seule occasion de faire ça bien», avait-il lancé avant la réunion, mettant la pression sur ses troupes républicaines qui peinent depuis des mois à trouver un consensus entre conservateurs et modérés.

«Il nous a juste dit de boucler ça et de nous y mettre sans attendre», a déclaré aux journalistes un élu du puissant groupe ultraconservateur (Freedom Caucus), Mark Meadows, se disant satisfait de la réunion.

Images de petits en pleurs, enregistrements de leurs voix angoissées: les séparations systématisées à la frontière depuis début mai hérissent pourtant jusqu'au sein même de son parti républicain, qui jouera sa majorité au Congrès lors des élections de mi-mandat en novembre.

Mais porté par des sondages montrant un soutien majoritaire à sa fermeté chez les électeurs républicains, Donald Trump et son gouvernement assument la logique derrière la nouvelle politique annoncée début mai: pour lutter contre l'immigration illégale, tous les clandestins franchissant la frontière sont désormais poursuivis au pénal.

S'il s'est dit attristé par la situation, plusieurs hauts responsables de la Maison-Blanche ont eux ouvertement salué son effet de dissuasion.

Démocrates comme républicains, les précédents présidents américains avaient privilégié des poursuites au civil, ce qui évitait ces situations.

Familles «otages»

Donald Trump les accusent d'avoir laissé la situation se détériorer, et ciblent sans relâche l'opposition.

«Les démocrates sont le problème. Ils se fichent de la criminalité et veulent que les immigrés illégaux, peu importe à quel point ils sont dangereux, déferlent et infestent notre pays», a-t-il tweeté.

«Le président continue d'utiliser ces familles séparées comme des otages» pour obtenir sa réforme de l'immigration, a rétorqué mardi le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer. Et de lancer: «Monsieur le président, vous seul pouvez régler» le problème des séparations.

Affichant leur malaise face au sort des enfants soumis à une «souffrance inutile», mais sans remettre en cause la politique de Donald Trump, des sénateurs républicains ont eux assuré mardi vouloir voter sans plus attendre une loi «d'urgence» qui permettrait aux familles de rester ensemble.

«Politique cruelle»

D'autres exprimaient clairement leur dégoût face à cette pratique «cruelle», comme le sénateur républicain John McCain, critique habituel du président, qui a dénoncé «un affront» aux valeurs américaines.

Pour protester contre une politique qu'ils ne veulent pas endosser, deux gouverneurs républicains et deux démocrates ont refusé d'envoyer leur Garde nationale pour contrôler la frontière avec le Mexique, tandis que le dirigeant démocrate de la Virginie a rappelé mardi ses troupes déjà déployées.