Le nouveau secrétaire d'État américain Mike Pompeo a dit voir une «vraie opportunité» de progrès suite à son tête-à-tête avec Kim Jong-un, en affirmant qu'une solution avec la Corée du Nord devait passer par la diplomatie.

Le conseiller à la sécurité nationale du président américain, John Bolton, a de son côté apporté quelques précisions sur la vision américaine d'une dénucléarisation de la Corée du Nord, affirmant dimanche que le programme ayant mené à l'abandon par la Libye de ses ambitions nucléaires devait servir de modèle.

Mike Pompeo, qui vient de prendre ses fonctions à la tête de la diplomatie américaine, a rencontré le dirigeant nord-coréen durant le week-end de Pâques alors qu'il était directeur de la CIA, au cours d'une mission tenue un temps secrète.

«Mon but, c'était d'essayer de voir s'il y avait une vraie opportunité (de progrès). Je pense qu'il y en a une», a affirmé M. Pompeo dans une interview à la chaîne ABC diffusée dimanche.

«Qui sait comment les discussions finales vont se dérouler ? Il y a beaucoup de travail à faire, mais j'ai très bon espoir sur le fait que les conditions fixées par le président Trump nous donnent cette chance», a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump doit lui-même rencontrer Kim Jong-un d'ici juin pour un sommet historique.

Solution diplomatique

Le nouveau secrétaire d'État américain a estimé que la diplomatie devait être le moyen de parvenir à une solution avec la Corée du Nord.

«Nous avons l'obligation de nous engager dans un discours diplomatique pour essayer de trouver une solution pacifique afin que les Américains ne soient pas menacés par Kim Jong-un et son arsenal nucléaire. C'est la mission. C'est le but», a déclaré M. Pompeo.

Le responsable américain a aussi indiqué avoir abordé avec Kim Jong-un le sujet d'un «mécanisme complet» en vue d'une dénucléarisation.

«Nous avons beaucoup parlé de ce à quoi cela pourrait ressembler, à quoi pourrait ressembler ce mécanisme complet, vérifiable, irréversible», a-t-il dit.

«Ensuite, quand les deux dirigeants (Trump et Kim), les deux seules personnes qui peuvent prendre ce type de décisions, seront dans une pièce ensemble, ils pourront définir le cours (des discussions). Ils pourront tracer le contour des résultats, ils pourront donner une direction à leurs équipes pour qu'elles livrent ce résultat», a-t-il poursuivi.

«Modèle libyen»

Sur Fox News, John Bolton en a dit un peu plus. «Nous pensons au modèle libyen de 2003, 2004» pour la dénucléarisation promise par Kim Jong-un, a-t-il affirmé.

Mouammar Kadhafi, qui dirigeait alors la Libye, avait annoncé en décembre 2003 renoncer à tout programme de développement d'armes de destruction massive (ADM) après neuf mois de négociations secrètes avec les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Tripoli avait ensuite signé le protocole additionnel au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), autorisant l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à effectuer des visites de ses installations nucléaires.

Alors qu'on lui demandait si un engagement de Séoul et Pyongyang envers une «dénucléarisation totale de la péninsule coréenne» signifiait un changement de la posture nucléaire des États-Unis dans la région, M. Bolton a assuré que non. «Je ne pense pas que ça engage les États-Unis, non», a-t-il répondu.

Sur CBS, M. Bolton a précisé que les États-Unis se baseraient aussi sur les textes déjà signés par la Corée du Nord, comme l'accord intercoréen de 1992.

«Nous examinons aussi ce à quoi la Corée du Nord s'est elle-même engagée précédemment, et notamment, il y a un quart de siècle, l'accord Nord-Sud de dénucléarisation de 1992 dans lequel la Corée du Nord s'engageait à abandonner ses armes nucléaires s'engageait à abandonner l'enrichissement de l'uranium et le traitement du plutonium», a-t-il dit.

Vigilance

Pendant une tournée au Proche-Orient, M. Pompeo a estimé que le dirigeant nord-coréen abordait les négociations avec sérieux, dans l'intérêt de son pays. «Je suis sûr que Kim Jong-un veut davantage qu'un bout de papier», a-t-il dit aux journalistes qui l'accompagnent.

Quant aux espoirs soulevés par les discussions inédites avec Pyongyang, Mike Pompeo s'est dit vigilant sur la chaîne ABC.

L'administration Trump «a les yeux grands ouverts. Nous connaissons l'Histoire. Nous sommes au courant des risques. Nous allons être très différents, nous allons négocier différemment de ce qui a été fait avant», a-t-il assuré.

«Nous n'allons pas faire de promesses, nous n'allons pas croire aux mots. Nous allons chercher des actions, des actes. Et jusqu'à ce moment-là, le président a dit très clairement que nous allons maintenir la pression», a-t-il dit.