Ronny Jackson, le médecin militaire de la Maison-Blanche, a retiré jeudi sa candidature au département des Anciens combattants après des révélations embarrassantes, un nouveau revers pour Donald Trump qui avait créé la surprise en le désignant.

«Même si je serai toujours reconnaissant au président Trump pour la confiance placée en moi en me donnant cette chance, je retire avec regret ma nomination au poste de secrétaire des Anciens combattants», a déclaré dans un communiqué l'amiral Jackson, visé depuis quelques jours par des soupçons sur son comportement au travail et en dehors, révélés par un rapport de l'opposition démocrate.

Le Sénat avait déjà reporté mardi une audience pour sa confirmation. Donald Trump avait annoncé sa désignation sur Twitter en mars.

La Maison-Blanche a plusieurs fois été épinglée pour avoir fait des annonces ministérielles sans vérifier les antécédents des candidats, notamment concernant des conflits d'intérêts ou des questions d'éthique. Des nominés pour le département du Travail ou au secrétariat à l'Armée et la Marine ont ainsi déjà jeté l'éponge avant leur audition au Sénat.

Le chef de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), Scott Pruitt, était pour sa part auditionné jeudi par une commission parlementaire sur des dépenses jugées excessives.

Ronny Jackson, âgé de 50 ans, est accusé de surprescription de médicaments au sein de l'armée ainsi qu'à la Maison-Blanche, mais également d'avoir instauré un environnement professionnel hostile et d'avoir été aux prises avec une consommation excessive d'alcool. Il aurait notamment été victime d'un accident de la route au volant d'un véhicule du gouvernement après une soirée arrosée.

Selon la presse, il était surnommé «Candy Man» («l'homme aux bonbons») en raison de sa propension à prescrire des médicaments.

«Malheureusement, à cause de la manière dont fonctionne Washington, ces fausses accusations sont devenues une distraction pour le président», a dit l'amiral Jackson, qui était déjà le médecin de la Maison-Blanche sous Barack Obama et George W. Bush.

«Aucune preuve»

Jeudi matin, le président Donald Trump a défendu bec et ongles son candidat, reprenant sur la chaîne Fox News la thèse des «fausses accusations» lancées pour «tenter de détruire un homme».

«Il n'y a aucune preuve» de ces accusations, a-t-il affirmé, soulignant «les antécédents parfaits» du médecin militaire.

Mardi, le président Trump avait pourtant suggéré à demi-mot à son candidat de se retirer.

«Si j'étais lui... le fait est que je ne le ferais pas», sous-entendu de maintenir sa candidature, avait-il assuré lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue français Emmanuel Macron. «À quoi bon, pour être agressé par une bande de politiques qui ne pensent rien de bien de notre pays?».

Sur Fox jeudi, le milliardaire républicain a annoncé qu'il avait déjà une idée pour remplacer l'amiral Jackson. Ce serait «quelqu'un de très bien» et «aux capacités politiques», a-t-il dit, sans vouloir donner son nom.

La porte-parole de la présidence, Sarah Sanders, a pour sa part indiqué que Ronny Jackson était «un médecin de la Marine américaine assigné à la Maison-Blanche et est à son travail aujourd'hui».

Après plus de 15 ans de guerre ininterrompue, le secrétaire aux Anciens combattants a le plus grand mal à prendre en charge les millions d'anciens soldats que comptent les États-Unis. Les révélations de gestion désastreuse y abondent depuis plus d'une décennie.

Selon un sondage publié jeudi par NBC et le Wall Street Journal, une majorité d'Américains (56%) estime que l'administration Trump n'est «pas compétente».