Donald Trump et Emmanuel Macron ont souhaité «travailler» ensemble sur un nouvel accord sur le nucléaire avec l'Iran, après avoir constaté leurs divergences sur le texte actuel, suscitant mercredi une fin de non-recevoir de Téhéran et Moscou et l'affirmation par Bruxelles que l'accord actuel «doit être préservé».

Cet accord avait été conclu en 2015 après des années d'âpres négociations entre l'Iran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie). Ce texte, qui avait nécessité de longues années de négociations, semble plus fragilisé que jamais.

Le président américain et son homologue français, qui ont multiplié mardi les embrassades et les poignées de main, sont restés évasifs sur les contours, la portée et les conséquences exactes de ces nouvelles négociations qu'ils appellent de leurs voeux.

«Nous souhaitons pouvoir désormais travailler sur un nouvel accord avec l'Iran», a lancé M. Macron, évoquant la possibilité que son homologue américain mette à exécution sa promesse de campagne de jeter aux orties ce texte visant à empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique.

«Ensemble, avec un chef d'un pays européen, ils disent: "nous voulons décider pour un accord conclu à sept". Pour quoi faire? De quel droit?», a lancé le président iranien Hassan Rohani dans une première réaction.

Pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, l'accord actuel est «sans alternative». Il «doit être préservé», a affirmé à Bruxelles, la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini.

M. Macron, qui devait s'exprimer mercredi devant le Congrès américain, a souligné qu'il ne fallait pas déchirer «un accord pour aller vers nulle part», mais construire «un nouvel accord qui est plus large», a-t-il poursuivi, soulignant sa volonté d'aborder avec M. Trump «tous les sujets de la région», dont la Syrie et les activités balistiques de Téhéran.

M. Trump, qui s'est dit ouvert à un nouveau texte «beaucoup plus large» aux fondations «solides», a une nouvelle fois stigmatisé l'accord «ridicule» conclu par son prédécesseur démocrate Barack Obama.

«Nous verrons ce qui se passera après le 12 (mai)», a-t-il lâché, évoquant l'échéance à laquelle il prendra une décision.

Venu à l'origine pour convaincre son homologue américain, M. Macron semble en fait avoir infléchi sa position. Il avait souligné dimanche sur la chaîne Fox News que, hors de cet accord, «il n'y a pas de plan B». Il avait alors reçu l'appui de la Chine et la Russie annonçant qu'elles bloqueraient toute tentative de «saboter» l'accord nucléaire de 2015 et jugé «inacceptable» toute révision de ce texte.

«Un grand président»

Premier dirigeant étranger à effectuer une visite d'État aux États-Unis sous la présidence Trump, Emmanuel Macron a tout fait pour nouer une relation étroite, personnelle, avec un homologue dont la vision du monde est pourtant, à de nombreux égards, diamétralement opposée à la sienne.

Les deux dirigeants, que plus de 30 ans séparent, ont ostensiblement affiché leur «amitié» depuis l'arrivée de M. Macron lundi à Washington.

«Ce sera un grand président pour la France, c'est ce que je prédis», a lancé M. Trump avant d'entrer dans le Bureau ovale, entraînant énergiquement son hôte par la main.

Cette deuxième journée de la visite présidentielle française a donné lieu à une surprenante scène lorsque Donald Trump a entrepris, devant les caméras du monde entier, de... balayer des pellicules du costume de son invité.

Discours solennel

Emmanuel Macron pourra exprimer mercredi devant le Congrès, sans Trump, sa propre vision du monde face aux 100 sénateurs et 435 représentants des États-Unis. Un honneur déjà accordé à plusieurs présidents français, le dernier en date étant Nicolas Sarkozy en 2009.

Il doit plaider pour une action commune des deux pays afin de «réinventer l'ordre mondial du 21e siècle». Pour lui, les États-Unis et la France, ensemble, doivent montrer leur volonté de «continuer à écrire l'histoire ensemble».

Mardi soir, un fastueux dîner d'État en l'honneur des Macron a réuni 130 invités de marque à la Maison-Blanche, décorée de fleurs de cerisier. Parmi les convives, Ivanka Trump et son époux Jared Kushner, ou encore le patron du groupe français du luxe LVMH Bernard Arnault -- Mme Macron portait d'ailleurs une robe Vuitton blanche dorée, alors que Melania Trump était en robe argentée Chanel -- et Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international (FMI).

Les deux présidents ont chacun porté un toast à l'amitié entre leurs pays. «Beaucoup commentent notre amitié personnelle», a remarqué Emmanuel Macron. «Des deux côtés de l'océan, il y a deux ans de cela, peu auraient prédit que vous et moi allions nous retrouver à cet endroit».

AFP

Donald Trump s'est amusé à balayer des pellicules du costume de son invité.