«Entre 2000 et 4000 militaires»: le président américain Donald Trump a quantifié jeudi le déploiement qu'il veut à la frontière avec le Mexique pour endiguer l'immigration clandestine, au moment même où son homologue mexicain dénonçait les «attitudes menaçantes» du milliardaire.

C'est la première fois que M. Trump donne une indication du futur contingent depuis son annonce surprise mardi qu'il souhaitait déployer l'armée le long de la frontière sud des États-Unis. Dès mercredi, il a ordonné l'envoi de la Garde nationale, mais sans fournir de précision.

À bord de l'avion présidentiel Air Force One, il a expliqué jeudi qu'il «garderait probablement» ces milliers de militaires sur place, «ou au moins une grande partie», jusqu'à ce que le mur qu'il a promis pendant sa campagne présidentielle de 2016 soit construit.

Ce qui pourrait laisser présager un déploiement sur une longue durée, dont le coût est toujours en train d'être «examiné» par la Maison-Blanche, a-t-il reconnu.

Le financement du mur, dont le coût est évalué à 18 milliards de dollars, a déjà donné lieu à un bras de fer entre républicains et démocrates lors de l'examen au Congrès du budget fédéral. Seulement un peu moins d'un dixième du coût a été accordé.

En envoyant la Garde nationale, le président républicain souhaite contenir l'immigration clandestine, mais aussi accroître la pression sur le Mexique pour qu'il s'implique davantage en la matière.

La relation entre les deux voisins «est intense et dynamique et présente naturellement des défis», a relevé jeudi le président mexicain Enrique Peña Nieto, dans un communiqué. «Mais ces défis ne peuvent en aucun cas justifier des attitudes menaçantes ou un manque de respect entre nos deux pays».

Pique à Trump

M. Peña Nieto, qui a déjà annulé deux déplacements à Washington, a ensuite envoyé une pique à M. Trump: «Si vos récentes déclarations puisent leur origine dans une certaine frustration liée aux affaires de politique intérieure, de vos lois ou de votre Congrès, adressez-vous à eux, et non aux Mexicains».

Le président Trump a vivement pris à parti les autorités mexicaines cette semaine après la diffusion d'un reportage sur une caravane d'environ un millier de migrants originaires d'Amérique centrale traversant le Mexique avec l'intention d'entrer illégalement aux États-Unis.

Il a estimé qu'il revenait au Mexique de les arrêter, et a même mis la renégociation en cours du traité de libre-échange nord-américain Aléna dans la balance.

Lors d'un déplacement jeudi en Virginie occidentale, le milliardaire a renoué avec sa rhétorique de campagne, lorsqu'il avait déclaré que les Mexicains entrant aux États-Unis étaient des «violeurs».

«Souvenez-vous de mes propos à la Trump Tower, lorsque tout le monde a dit «oh, il a été si dur». J'avais utilisé le mot viol», a-t-il dit jeudi. «Et hier, il est apparu que dans ce voyage vers le nord, des femmes sont violées à des niveaux jamais vus auparavant», a-t-il affirmé sans autre détail.

Dépassés par le succès cette année de leur initiative menée depuis 2010, les organisateurs de la caravane ont mis fin mercredi à ce périple en groupe.

Corps de réserve de l'armée américaine, la Garde nationale est déjà intervenue à la frontière en 2010, sur ordre de Barack Obama, ainsi qu'en 2006-2008 sous George W. Bush. À chaque fois, le déploiement a duré environ un an.

Le Pentagone a indiqué jeudi avoir mis en place une «cellule de soutien de la sécurité à la frontière», chargée de coordonner l'action des ministères de la Défense et de la Sécurité intérieure.

Indice de l'impréparation du ministère de la Défense à l'annonce présidentielle de mardi, des responsables du Pentagone indiquaient encore jeudi en début d'après-midi ignorer la taille du futur contingent, si ces militaires seraient armés, le calendrier de leur déploiement et la durée de la mission.

Si l'effectif maximum de 4000 militaires évoqué par Donald Trump était mobilisé, ce serait quasiment le double des forces armées américaines qui luttent actuellement contre les jihadistes en Syrie et environ la moitié de celles positionnées en Irak.

Parce que la Garde nationale est du ressort des gouverneurs, le Pentagone va devoir coopérer avec chacun des quatre États américains frontaliers du Mexique pour le déroulé des opérations.

La frontière américano-mexicaine s'étend sur plus de 3100 kilomètres, dont un millier dispose déjà d'un mur.