Plusieurs ministres israéliens ont salué vendredi la nomination de John Bolton, un «ami», comme conseiller américain à la sécurité nationale, tandis qu'une dirigeante palestinienne s'est alarmée du choix d'un vieil adversaire de la cause palestinienne pour ce poste influent.

«Le président Trump continue de nommer de véritables amis d'Israël aux postes les plus hauts placés. John Bolton fait partie des plus éminents d'entre eux», a indiqué dans un communiqué la ministre de la Justice Ayelet Shaked.

«L'administration Trump s'avère être la plus amicale qu'Israël ait jamais connue», a ajouté Mme Shaked, membre du Foyer juif, parti nationaliste religieux.

Le ministre de l'Éducation Naftali Bennett, chef du Foyer juif, a qualifié sur Twitter de «formidable» la nomination de M. Bolton, «un spécialiste extraordinaire des questions de sécurité, un diplomate expérimenté et un ami fidèle d'Israël».

«Il est sans conteste possible l'ami d'Israël depuis des années, il l'a montré au poste d'ambassadeur américain auprès des Nations unies», a abondé le ministre de l'Environnement Zeev Elkin, membre du Likoud, le parti de droite du Premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Les commentateurs israéliens mettent en exergue les positions intransigeantes de M. Bolton vis-à-vis de l'Iran, bête noire du gouvernement Nétanyahou, et en particulier son opposition farouche à l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances. M. Nétanyahou est lui-même un grand pourfendeur de cet accord.

«Solution à trois États»

Les commentateurs relevaient aussi les propos passés de M. Bolton selon lesquels la solution dite à deux États, c'est-à-dire la création d'un État palestinien coexistant avec Israël, était «morte» ou «plus viable».

Cette solution reste la référence de la communauté internationale.

«La seule logique sous-tendant la demande d'un État palestinien, c'est l'impératif politique des adversaires d'Israël d'affaiblir et d'encercler l'État juif», disait M. Bolton en 2014, préconisant une «solution à trois États» dans laquelle la Cisjordanie serait rattachée à la Jordanie et la bande de Gaza à l'Égypte.

La Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, et bande de Gaza, des territoires palestiniens séparés géographiquement par le territoire israélien et politiquement par deux autorités rivales, sont supposées former un futur État palestinien.

M. Bolton a aussi salué la décision du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël, qui rompt avec des décennies de diplomatie américaine et de consensus international.

Les Palestiniens, qui revendiquent Jérusalem-Est annexée par Israël comme capitale de l'État auquel ils aspirent, ont vu dans cette décision le comble du parti pris pro-israélien de l'administration Trump. Ils ont gelé tous les contacts avec les officiels américains.

L'administration Trump est censée présenter prochainement son plan de paix entre Israéliens et Palestiniens. Mais l'état des relations entre Américains et Palestiniens suscitent des interrogations sur la possibilité que ce plan soit mort-né.

Hanane Achraoui, haute dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a vu dans la nomination de M. Bolton une nouvelle manifestation de partialité américaine.

«L'hostilité de cet homme envers les Palestiniens remonte à loin, à l'époque où il était aux Nations unies et défendait l'impunité israélienne», a-t-elle dit à l'AFP.

En nommant M. Bolton, la Maison-Blanche «s'allie aux extrémistes sionistes, aux chrétiens fondamentalistes et aux racistes blancs», selon elle. «Tout ceci annonce une réalité désastreuse pour la Palestine et la région».