Les écarts de richesse entre hommes noirs et blancs aux États-Unis sont importants et persistent sur plusieurs générations, constate une étude des universités Stanford et Harvard datée de mars 2018 et diffusée lundi.

Le «rêve américain», à savoir la perspective d'une meilleure qualité de vie pour les enfants par rapport à celle de leurs parents, est en panne pour les hommes noirs et les Amérindiens, note cette enquête intitulée Race et opportunités économiques aux États-Unis et basée sur les données de 20 millions de personnes.

«Les enfants noirs ou amérindiens ont des taux substantiellement plus bas de mobilité sociale vers le haut comparé aux autres groupes raciaux. Par exemple, les enfants noirs nés dans des foyers aux revenus dans le dernier quintile ont 2,5% de chances de se hisser vers le quintile le plus élevé, contre 10,6% pour les blancs», soulignent les auteurs de l'étude réalisée par des chercheurs de Harvard et Stanford en collaboration avec le bureau du recensement américain.

À l'inverse, la mobilité sociale fonctionne pour les Hispaniques et pour les Asiatiques.

Chez les Noirs, l'étude publiée par le Equality of Opportunity Project (le projet égalité des chances) constate que l'écart de mobilité sociale est notable chez les hommes, mais pas chez les femmes, qui même si elles réussissent moins les tests équivalents au bac («SAT»), n'ont pas d'écart de salaire horaire notable avec les femmes blanches.

Le fait de grandir dans des familles à revenus élevés ne protège pas de ces disparités: les enfants noirs nés dans le quintile de revenus le plus élevé ont autant de chances d'y rester que de tomber dans le quintile le plus bas. À l'inverse, les enfants blancs nés dans des familles à hauts revenus ont cinq fois plus de chances d'y rester que de tomber dans le quintile des plus bas revenus, note l'étude.

Ces écarts se maintiennent en dépit des situations familiales, notamment lorsque les deux parents vivent ensemble, et quel que soit le quartier ou quelle que soit la région, ce qui veut dire que même dans les zones où les écoles sont performantes, le résultat final ne change pas.

Toutefois, les enfants qui déménagent tôt dans leur vie dans des quartiers plus favorables (revenus élevés, racisme bas, forte présence paternelle) ont des taux d'incarcération plus faibles et des revenus plus élevés à l'âge adulte.

Les auteurs de l'étude soulignent que seule la volonté politique est susceptible de changer la donne et recommandent notamment des «initiatives pour augmenter la mobilité sociale des hommes noirs dont l'impact se ressent à travers les quartiers et les classes sociales».

Parmi les mesures les plus prometteuses: «Les programmes de tuteurs spécialement destinés aux garçons noirs, les efforts pour réduire les préjugés raciaux chez les Blancs ou pour réduire les discriminations raciales dans le système judiciaire, ou encore ceux qui stimulent une meilleure intéraction entre groupes raciaux», conclut l'étude.