Ses soutiens de la première heure ont claqué la porte ou ont été remerciés. Sa famille - son gendre Jared Kushner en tête - est fragilisée. Treize mois après son arrivée au pouvoir, Donald Trump apparaît plus seul et isolé que jamais.

La dernière démission en date, celle de Hope Hicks, fidèle d'entre les fidèles qui avait su trouver un mode de communication et de travail avec ce président atypique et impulsif, marque un tournant.

Elle tombe mal, au moment où l'enquête du procureur spécial Robert Mueller se fait chaque jour un peu plus menaçante. Et renforce l'image d'une aile Ouest où l'improvisation domine et dont les principaux acteurs, jamais à l'abri d'une pique présidentielle, sont à couteaux tirés.

Un regard sur une photo du 22 janvier 2017, celle de la cérémonie de prestation de serment, résume l'ampleur cette impressionnante valse des postes au sein de l'équipe rapprochée du dirigeant de la première puissance mondiale.

La liste de ceux qui étaient aux trois premiers rangs, main droite levée, et ne sont désormais plus là donne le vertige: Steve Bannon (conseiller stratégique), Reince Priebus (secrétaire général), Omarosa Manigault (conseillère relations publiques), Sean Spicer (porte-parole) Michael Flynn (conseiller à la sécurité nationale), Rob Porter (conseiller), Katie Walsh (secrétaire générale adjointe).

Et si Jared Kushner, mari d'Ivanka Trump, fille aînée du président, est toujours présent, son avenir politique est plus qu'incertain.

Le conseiller trentenaire au visage poupin, longtemps encensé par un président qui assurait qu'il était le seul à Washington en mesure de trouver une issue au conflit israélo-palestinien, est dans la tourmente.

Il vient de se voir priver d'accès aux informations «top secret» de la Maison-Blanche, une décision qui lui fait, de facto, perdre une solide dose de crédibilité sur la scène internationale.

Son refus de tracer une ligne de séparation nette entre les activités de son groupe immobilier familial, lourdement endetté, et ses fonctions à la Maison-Blanche, suscite aussi des interrogations croissantes.

Selon le New York Times, ce groupe a obtenu des prêts de la part d'un fond d'investissement après une série de rencontres entre «Jared» et ses responsables à la Maison-Blanche.

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Dans le Bureau ovale en janvier 2017 (de gauche à droite) : Donald Trump, Reince Priebus, Mike Pence, Steve Bannon, Sean Spicer et Michael Flynn.

«Atmosphère exécrable» 

Ce climat délétère est d'abord alimenté par l'occupant du Bureau ovale lui-même, qui ne perd jamais l'occasion de mettre en compétition ses collaborateurs et principales figures de son administration, voire de les prendre publiquement à partie.

La scène est presque passée inaperçue tant les polémiques se bousculent à un rythme effréné, mais sa violente attaque mercredi sur Twitter contre le procureur général des États-Unis, Jeff Sessions, dont il a qualifié le comportement de «honteux», aurait été absolument inimaginable sous le mandat de ses prédécesseurs.

«Avec la démission brutale de Hope Hicks, la dernière prise de bec entre le président et (Jeff) Sessions et les nouvelles révélations sur Jared, on a le sentiment que l'étau se resserre sur cette Maison-Blanche», souligne David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama.

Anthony Scaramucci, éphémère prédécesseur de Hope Hicks, qui ne cache pas son envie de régler des comptes avec le secrétaire général de la Maison-Blanche John Kelly qui l'a limogé, dresse sur les plateaux de télévision un sombre tableau du fonctionnement de l'équipe Trump.

«L'atmosphère à la Maison-Blanche est exécrable», a-t-il lancé jeudi sur CNN, prédisant «d'autres départs».

Au plus bas dans les sondages, le président septuagénaire, qui a déjà les yeux rivés sur 2020 et vient de nommer un directeur de campagne pour son «comité de réélection», doit trouver un nouveau souffle.

Plus que jamais, tous les regards se tournent vers John Kelly, général à la retraite qui a passé plus de 40 ans chez les Marines et que Trump a nommé il y a un peu plus de 6 mois pour tenter de remettre la Maison-Blanche en ordre de marche.

Une phrase, prononcée jeudi matin par ce dernier sur un mode résolument humoristique, a, dans le chaos ambiant, soudain pris un relief particulier.

«La dernière chose que je voulais était de quitter mon poste de secrétaire de la Sécurité intérieure», a-t-il raconté, évoquant sa nomination à la Maison-Blanche en juillet.

«Mais j'imagine que j'ai dû faire quelque chose de mal et Dieu m'a puni...».

AP

Anthony Scaramucci lors d'un point de presse à la Maison-Blanche en juillet 2017.