Comme un choc supplémentaire pour 17 familles éplorées et tout un pays ébranlé : le FBI a reconnu vendredi avoir négligé de traiter adéquatement une alerte très précise lancée par un citoyen à propos du présumé tireur de Parkland, Nikolas Cruz.

La police fédérale a reçu le 5 janvier dernier un appel qui évoquait la possibilité que le jeune homme de 19 ans ouvre le feu dans une école, a-t-elle admis dans un communiqué. Cet élément s'ajoute à d'autres qui auraient dû faire de Cruz un sujet d'intérêt pour la police dans les dernières semaines.

Cette information «aurait dû être traitée comme une menace potentielle» et «aurait dû être communiquée au bureau du FBI de Miami, qui se serait chargé des investigations nécessaires», a souligné le FBI dans un communiqué.

À l'inverse, il n'y a pas eu de remontée de l'information et donc pas d'enquête fouillée d'ouverte. En bref, «la procédure en vigueur n'a pas été respectée», a admis la police fédérale.

Mercredi après-midi, lors d'une conférence de presse à une centaine de mètres de l'école transformée en scène de crime, le porte-parole du FBI pour ce dossier a offert ses excuses aux parents des victimes. 

«En mon nom et au nom du millier de travailleurs du bureau du FBI à Miami, nous regrettons sincèrement tout dommage supplémentaire que ça a pu causer», a affirmé l'agent spécial Rob Lasky. 

«La possibilité que le FBI fasse une erreur est toujours présente. Nous faisons de notre mieux. Nous avons des protocoles pour gérer ces choses. Nous allons examiner où et comment le protocole n'a pas été suivi», a-t-il ajouté, dans un rare aveu d'impuissance.

Sur place, le shérif du comté de Broward, où est situé Parkland, n'a pas voulu accabler ses collègues du FBI. «Ultimement, la responsabilité pour un crime repose toujours sur le criminel», a souligné Scott Israel.

Le shérif Israel a ajouté que son propre service avait répondu à 22 appels concernant Cruz «dans les dernières années». Il n'a pas pu préciser la nature de ces appels, mais d'anciens voisins ont rapporté qu'il avait parfois des commentaires erratiques ou agressifs.

«Je vais devenir tireur professionnel dans les écoles»

L'informateur ayant fait un appel le 5 janvier dernier n'a pas été identifié. Il a notamment livré des détails sur le fait que Cruz était armé et qu'il publiait des messages menaçants sur les réseaux sociaux.

Le jeune homme de 19 ans avait été renvoyé de l'école secondaire Marjory Stoneman Douglas, située dans la ville de Parkland à une date qui demeure inconnue.

Il a ouvert le feu mercredi au fusil semi-automatique dans les classes de cet établissement, ses balles fauchant une trentaine de personnes, dont 17 sont décédées, parmi lesquelles une majorité d'adolescents. Il est maintenant poursuivi pour 17 meurtres avec préméditation.

Face à la gravité de l'absence d'une enquête qui aurait pu empêcher ce massacre, le directeur du FBI, Christopher Wray, s'est engagé à «aller au fond du problème». M. Wray s'est également dit prêt à revoir les procédures en place, dans une déclaration jointe au communiqué.

Le FBI avait également reconnu avoir été alerté en septembre par un abonné de la plateforme YouTube à propos du commentaire suivant laissé par un utilisateur du nom de Nikolas Cruz: «Je vais devenir tireur professionnel dans les écoles». L'agence fédérale a expliqué «ne pas avoir été capable d'identifier avec plus de précisions la personne qui a publié ce commentaire».

Le Procureur général américain, Jeff Sessions, a lui parlé de «manquements» du FBI «aux conséquences tragiques».

«Il est désormais établi qu'il existait des signaux d'avertissement, et que le FBI est passé à côté de ces informations. Nous voyons les conséquences tragiques de ces manquements», a commenté M. Sessions.

Le gouverneur républicain de la Floride, Rick Scott, a jugé «inacceptable» l'inaction du FBI et a appelé M. Wray à démissionner de ses fonctions. «Une excuse ne ramènera jamais à la vie ces 17 Floridiens», a-t-il justifié.

- Avec l'Agence France-Presse

Photo Susan Stocker, South Florida Sun-Sentinel via AP

Le présumé tireur Nikolas Cruz a comparu devant un juge, jeudi.