Le président américain Donald Trump a promis jeudi de s'attaquer aux maladies mentales, au lendemain de l'une des pires tueries dans une école américaine, esquivant ainsi le débat sur la dissémination des armes à feu aux États-Unis.

S'exprimant depuis une Maison-Blanche au drapeau mis en berne, en hommage aux 17 victimes décédées en Floride, M. Trump a annoncé qu'il se rendrait à Parkland, où un jeune homme de 19 ans a commis ce massacre.

Cet ancien élève de l'établissement faisait l'objet de nombreuses interrogations: comment ses attitudes menaçantes, sa fascination pour les armes et son comportement apparemment «déséquilibré» ont-ils pu échapper à la vigilance de son entourage et des autorités?

Le président américain, qui a expliqué s'adresser à une «nation en souffrance», n'a à aucun moment prononcé le mot «arme à feu» lors de sa courte allocution, mais a appelé les citoyens américains à «répondre à la haine par l'amour (et) à la cruauté par la gentillesse».

AP

Donald Trump s'est adressé aux médias jeudi depuis la Maison-Blanche.

Le tireur, qui a utilisé un fusil d'assaut semi-automatique, a semé en quelques secondes la mort et le chaos à l'école secondaire Marjory Stoneman Douglas.

Traits juvéniles, yeux clairs, visage sérieux: tous les écrans américains diffusaient le portrait de Nikolas Cruz, 19 ans, auteur de ce pire massacre dans une école américaine depuis celle de Sandy Hook dans le Connecticut, où 20 enfants de primaire et six adultes avaient péri en 2012.

Après une nuit d'interrogatoire par la police du comté de Broward, le jeune homme a été inculpé de 17 meurtres avec préméditation.

Le FBI a reconnu avoir été alerté en septembre dernier par un abonné de la plateforme YouTube sur le commentaire laissé par un utilisateur s'identifiant comme Nikolas Cruz: «Je vais devenir tireur professionnel dans les écoles».

Renvoyé de l'école Marjory Stoneman Douglas de Parkland pour raisons disciplinaires, l'ancien élève a choisi la Saint-Valentin pour commettre ce massacre.

Selon un étudiant, Nicholas Cokes, Cruz était un «solitaire» dont la mère adoptive est morte à la fin de l'année dernière.

Les 17 victimes décédées, enseignants et élèves, n'ont pas encore été toutes identifiées. Dix-sept blessés ont été hospitalisés, selon un bilan actualisé, parmi lesquels deux sont décédés des suites de leurs blessures.

«Déséquilibré»

«Tant de signes que le tireur de Floride était un déséquilibré mental, même viré de l'école pour son mauvais comportement erratique. Les voisins et ses camarades de classe savaient qu'il représentait un gros problème. Toujours les signaler aux autorités encore et encore!», a tweeté Donald Trump au petit matin.

Comme en écho, le sénateur républicain de Floride Marco Rubio a martelé que «ceci pourrait arriver n'importe où».

«Il s'agit de quelqu'un dont les gens savaient qu'il représentait un danger, quelqu'un sur qui on plaisantait dans l'école (...) pour dire qu'il reviendrait un jour et ferait du mal à beaucoup de gens», a-t-il poursuivi sur Fox News. «Et pourtant il est parvenu à ne pas être détecté, a pu acheter cette arme et tuer 17 personnes et en blesser beaucoup plus».

L'ancien président démocrate Barack Obama ne veut pas croire à la fatalité de ces drames, même si lui-même s'est heurté à l'inaction du Congrès. «Nous ne sommes pas impuissants», a écrit M. Obama en appelant à une législation «de bon sens».

Pas d'avancée sur les armes

Des images, filmées à l'intérieur d'une salle de classe pendant l'assaut sanglant probablement par un élève, donnent une petite idée de la terreur qui s'est emparée de ce complexe scolaire qui compte près de 3000 élèves.

On y entend des coups de feu à cadence très rapprochée, caractéristiques d'un semi-automatique et on y voit des élèves prostrés sous leur bureau ou allongés en silence, tandis que des hurlements s'élèvent plus loin.

Mais le drame survenu mercredi n'est que le dernier d'une longue série de fusillades ayant ensanglanté l'Amérique ces dernières années. Et les tueries sont particulièrement récurrentes dans les écoles américaines: il y en a déjà eu 18 en 2018 en comptant celle de l'école Marjory Stoneman Douglas. Mais à chaque fois, le débat sur les armes à feu tourne court.

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Une élève de la Marjory Stoneman Douglas High School brandit des pancartes en hommages aux victimes de la tuerie de mercredi.