Les parlementaires américains ont repris leurs discussions pour s'entendre avant vendredi soir sur un nouvel accord sur le budget, grippé par une polémique concernant l'immigration, afin d'éviter une paralysie de l'administration fédérale.

Sans accord vendredi à minuit, ce sera le «shutdown» et certaines agences pourraient devoir mettre leur personnel non-essentiel en congé faute de financement.

Les républicains, majoritaires au Congrès, entendent présenter un budget 2018 qui dope les dépenses militaires. En échange, les démocrates veulent notamment régler la question des 690 000 Dreamers, ces jeunes entrés illégalement aux États-Unis alors qu'ils étaient enfants, et du programme public d'assurance maladie pour les enfants pauvres (CHIP), menacé par la réforme de l'assurance santé.

La minorité démocrate peut tout bloquer au Sénat, où une majorité qualifiée des trois cinquièmes (60 voix sur 100) sera requise.

Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité de son gouvernement, a abrogé le programme DACA mis en place par Barack Obama qui a permis aux Dreamers de travailler et d'étudier sans crainte d'être expulsés.

Les républicains sont globalement d'accord pour régulariser les Dreamers. Mais Donald Trump exige aussi en échange le vote de crédits pour ériger le mur promis à la frontière avec le Mexique, ainsi que d'autres mesures anti-immigration, dont la fin de ce qu'il appelle «l'immigration en chaîne» (regroupement familial) et la suppression de la loterie annuelle de cartes vertes.

Les démocrates refusent de financer ce mur, symbole selon eux d'une politique xénophobe.

Les républicains pourraient proposer un nouvel accord budgétaire temporaire, jusqu'à la mi-février, et la poursuite de CHIP pour six ans, sans inclure de mesures sur l'immigration.

«Il n'y a pas de raison pour les démocrates de tenter de nous amener au «shutdown»», a dit mercredi le président de la Chambre, le républicain Paul Ryan.

«La raison triomphera», a-t-il espéré, rendant les démocrates responsables d'un éventuel blocage, comme l'a fait ces derniers jours Donald Trump.

M. Ryan a insisté sur sa volonté de résoudre la question du programme DACA, qui expire le 5 mars. 

«Les épaules du président» 

«Nous voulons régler le DACA d'une façon équilibrée pour ne pas avoir le même problème plus tard», a-t-il dit, affirmant que «des négociations en bonne intelligence sont en cours» entre les responsables des deux partis qui devaient se retrouver mercredi.

Paul Ryan pourrait aussi faire face à la grogne des élus conservateurs les plus radicaux, dont il a aussi besoin pour faire passer son projet.

«Il n'y actuellement pas assez de soutien à cette initiative de la présidence», a ainsi prévenu mardi Mark Meadows, le président du groupe des ultra-conservateurs de la Chambre.

Mais pour le patron de la minorité démocrate, Chuck Schumer, un éventuel blocage fédéral retombera «sur les épaules du président» Trump. Le projet budgétaire, dit-il, fait l'impasse sur la crise des opiacés pourtant déclarée «urgence de santé publique», les fonds supplémentaires pour les vétérans, et augmente très peu les dépenses militaires.

M. Schumer a indiqué que les sénateurs dévoileraient mercredi le plan sur l'immigration étudié la semaine dernière par les deux partis et M. Trump. C'est là que le président aurait qualifié Haïti et des pays africains de «pays de merde», déclenchant un tollé.

Ce plan explore les questions au coeur du projet présidentiel: le règlement du DACA, la limitation des programmes de loterie et du regroupement familial ainsi que l'amélioration de la sécurité à la frontière.

Mais pour le N.2 des sénateurs républicains, John Cornyn, il vaudrait mieux tout reprendre du début. Le plan «n'aura pas les votes à la Chambre ou au Sénat car (le président) ne le signera pas», a-t-il affirmé sur Twitter.

Avec des élections de mi-mandat prévues en novembre, les républicains sont toutefois conscients des dégâts politiques d'une fermeture de l'administration fédérale, alors qu'ils tiennent les deux Chambres du Congrès et la Maison-Blanche.

À New York, trois personnes dont au moins une bénéficiaire du DACA ont été arrêtées lors d'un rassemblement de soutien aux Dreamers devant le bureau du sénateur Schumer.