Les perspectives d'un compromis entre républicains et démocrates sur l'épineux problème de l'immigration semblaient sombres dimanche aux États-Unis, les discussions déjà difficiles devant désormais se dérouler dans un contexte empoisonné par une controverse mondiale liée au président Donald Trump.

«DACA est probablement mort», a lancé M. Trump sur Twitter, faisant référence au programme créé sous Barack Obama pour permettre à 690 000 jeunes immigrés de travailler et d'étudier aux États-Unis en toute légalité.

Ce programme est au coeur d'un bras de fer entre le président, qui a annoncé sa suppression - abrogation suspendue en janvier par un juge fédéral de Californie -, et les démocrates qui veulent le préserver.

Le milliardaire a proposé un pacte donnant-donnant: une solution pour les «Dreamers» - surnom des jeunes du programme DACA - en échange du financement du mur controversé qu'il a promis lors de sa campagne présidentielle d'ériger à la frontière avec le Mexique.

La Maison-Blanche réclame 18 milliards de dollars pour la construction de ce qui est censé donner un coup d'arrêt à l'immigration clandestine et qui est décrié par les démocrates comme un symbole xénophobe.

Dans ses tweets dimanche, M. Trump a considéré que DACA était appelé à disparaitre «parce que les démocrates n'en veulent pas vraiment, ils veulent juste parler et prendre de l'argent dont notre armée a désespérément besoin».

Il a donné jusqu'à début mars aux parlementaires pour trouver un compromis sur le sujet. Il réclame aussi la suppression de la loterie annuelle de cartes vertes et une réforme de l'immigration légale pour réduire le rapprochement familial.

«En tant que président, je veux que les gens venant dans notre pays nous aident à être plus forts et grands à nouveau, des gens qui viennent à travers un système basé sur le mérite. Plus de loteries ! L'Amérique d'abord», a-t-il poursuivi dimanche.

Langage «dur»

Ces déclarations interviennent après plusieurs jours de vives condamnations à travers le monde de propos qu'aurait tenus le milliardaire républicain jeudi lors d'une réunion avec des parlementaires à la Maison-Blanche.

Selon plusieurs médias et des témoins, il a dénoncé l'immigration en provenance de «pays de merde» tels que Haïti, le Salvador ou des pays africains. Il a contesté vendredi l'utilisation de cette expression, reconnaissant avoir néanmoins utilisé un langage «dur».

Les parlementaires étaient justement présents pour évoquer les discussions sur le sort des «Dreamers».

Le sénateur démocrate Dick Durbin, qui assistait à cette réunion, a affirmé dès vendredi sur Twitter que le président avait même utilisé «plusieurs fois» cette expression grossière, qui a déclenché un tollé dans le monde entier.

Mais, pour le sénateur républicain David Perdue - l'un des participants -, il s'agit d'une «déformation grossière» de ce qui a été dit, même si l'élu a esquivé dimanche les questions de la chaine ABC sur les termes qu'auraient selon lui prononcés le président.

Concernant l'immigration, il a précisé qu'il fallait qu'un accord soit «symétrique». «Tout accord sur DACA doit aussi inclure la sécurité aux frontières, y compris le mur, et mettre fin aux migrations en chaine», terme utilisé par M. Trump à propos du rapprochement familial.

Interrogée dimanche sur Fox News, la ministre de la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen - aussi présente à la réunion jeudi - a décrit «une conversation passionnée», mais n'était «pas en mesure de (se) souvenir que cette phrase ait été utilisée».

«Raciste»

Depuis jeudi, à travers le monde, beaucoup ont qualifié le président américain de «raciste», notamment dimanche l'élu de Géorgie à la Chambre des représentants et ancien du mouvement pour les droits civiques John Lewis. Il a indiqué sur ABC qu'il n'assisterait pas au discours sur l'État de l'Union de M. Trump devant le Congrès, le 30 janvier.

«Je suis un peu froissée des commentaires et suggestions selon lesquels le président est raciste. Il examine un système basé sur le mérite comme au Canada et en Australie. Je suis sûre que personne ne peut suggérer que les dirigeants canadiens et australiens sont racistes», a relevé Mme Nielsen.

Le milliardaire a fait de l'immigration légale et clandestine l'un des piliers de sa politique.

Une semaine après son investiture, il a signé un décret visant les ressortissants de pays à majorité musulmane - retoqué en justice jusqu'à sa troisième version -. Outre l'abrogation de DACA, la fin de la loterie et du regroupement familial, il a aussi annulé le statut temporaire de protection (TPS) de près de 265 000 étrangers.