Donald Trump a annoncé vendredi qu'il annulait sa visite destinée à inaugurer la nouvelle ambassade des États-Unis, où il risquait d'être accueilli par des manifestations hostiles.

« La raison pour laquelle j'annule mon voyage à Londres est que je ne suis pas un grand fan de l'administration Obama qui a vendu l'ambassade la mieux située et la plus agréable à Londres pour des "cacahuètes", afin d'en construire une autre bien plus éloignée pour 1,2 milliard de dollars », a écrit M. Trump dans un tweet nocturne.

Les États-Unis avaient en fait annoncé leur intention de déménager leur ambassade, du quartier chic et central de Mayfair sur un nouveau site dans le sud-ouest de Londres, en octobre 2008 lorsque George W. Bush était à la Maison-Blanche et non sous la présidence Obama.

Dans une tribune publiée dans le quotidien Evening Standard, l'ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni Woody Johnson a estimé que l'ancienne localisation était « parfaite », tout en concédant qu'elle était trop vulnérable à la suite des attentats du 11 septembre 2001 outre-Atlantique.

« Notre nouvelle ambassade ne reflète pas seulement l'histoire particulière qui nous lie au Royaume-Uni mais l'avenir spécial qui nous attend alors que nous faisons progresser la prospérité et la sécurité de nos deux nations », a-t-il ajouté.

Les médias britanniques spéculaient depuis des semaines sur la date d'une visite de M. Trump pour inaugurer le bâtiment flambant neuf en forme de cube conçu par le cabinet d'architectes américain KieranTimberlake et situé au bord de la Tamise. Il ouvrira au public le 16 janvier mais son inauguration officielle n'était pas prévue avant fin février.

Le mois dernier, l'ambassadeur Woody Johnson s'était dit impatient d'accueillir son président. Selon lui, la nouvelle ambassade est « un signal lancé au monde que la relation spéciale que nous avons [entre le Royaume-Uni et les États-Unis] est plus forte et va grandir et se renforcer ».

Mais la venue de Donald Trump était susceptible de provoquer une série de manifestations dans la capitale britannique, dans un contexte de tensions entre les deux alliés historiques.

« Il semble que le président Trump ait compris le message envoyé par de nombreux Londoniens qui aiment et admirent les États-Unis et les Américains mais trouvent que ses politiques et ses actions sont à l'opposé total des valeurs d'inclusion, de diversité et de tolérance de notre ville », a commenté le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, dans un communiqué.

Partenaires forts

« Sa visite le mois prochain aurait sans aucun doute suscité des manifestations pacifiques de masse », a ajouté l'édile, qui s'était écharpé sur Twitter avec le président américain, qui l'a accusé de prendre le terrorisme à la légère.

« Beaucoup d'entre nous, Londoniens, sommes ravis que Trump n'amène pas ses opinions racistes et misogynes néfastes ici en inaugurant la nouvelle ambassade américaine », a renchéri sur Twitter un député travailliste, Steve Reed.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson a balayé ces critiques, accusant Sadiq Khan et Jeremy Corbyn, le leader de l'opposition travailliste, fervent opposant à la venue de Donald Trump, de « mettre en péril la relation cruciale » entre Londres et Washington.

« Nous ne permettrons pas que les relations entre les États-Unis et le Royaume-Uni soient mises en danger par un freluquet pédant à l'Hôtel de Ville », a taclé M. Johnson, maire de Londres avant Sadiq Khan.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de Downing Street a déclaré qu'aucune date n'avait été fixée pour l'inauguration, et que le projet de visite d'État du président américain était toujours d'actualité.

Une visite d'État, qui implique de nombreux honneurs, dont celui d'être reçu par la reine Élisabeth II à Buckingham Palace, avait été proposée dans la foulée d'un voyage de Theresa May aux États-Unis, il y a un an, peu après l'entrée en fonction de M. Trump. Mais cette annonce avait aussitôt été critiquée et jugée prématurée. Près de 1,9 million de personnes ont signé une pétition s'y opposant.

Selon le tabloïd Daily Mail, Donald Trump devait rencontrer Theresa May le 26 ou 27 février mais ne devait pas rencontrer la reine, « ce qui pourrait l'avoir découragé » de venir.

La relation « spéciale » entre Washington et Londres a été ternie par plusieurs épisodes de tension, le dernier en date en novembre, lorsque M. Trump avait retweeté des vidéos antimusulmans mises en ligne par la vice-présidente du groupe d'extrême droite Britain First.

Vendredi, le porte-parole de Downing Street a assuré que « les États-Unis et le Royaume-Uni sont des partenaires forts, naturels et résilients, et cela est toujours d'actualité ».

Réagissant opportunément à l'annonce de M. Trump, le musée Madame Tussauds a transporté une réplique en cire du président américain devant la nouvelle ambassade, qui a reçu un accueil amical de la part de passants posant pour des photos à ses côtés.

Photo Alastair Grant, Agence France-Presse

La nouvelle ambassade des États-Unis à Londres