Donald Trump a élevé jeudi la crise de dépendance aux opiacés au rang d'«urgence de santé publique» et promis d'éradiquer des États-Unis un fléau qui tue près de 150 Américains par jour.

Le président américain avait initialement prévu de déclarer un état d'«urgence nationale», mais la Maison-Blanche a finalement opté pour l'«urgence de santé publique d'ampleur nationale», jugée plus adaptée pour répondre à cette crise des opiacés, des stupéfiants qui font des ravages en termes d'addiction et des dizaines de milliers de morts par an aux États-Unis.

«Nous pouvons être la génération qui met fin à la crise des opiacés», a déclaré le 45e président des États-Unis lors d'une annonce faite à la Maison-Blanche, entouré par d'anciens toxicomanes, parents de victimes de surdoses, ou encore des médecins spécialisés.

«Cela prendra plusieurs années, même des décennies, pour débarrasser notre société de ce fléau», a-t-il reconnu, mais en «travaillant ensemble, nous allons vaincre la crise des opiacés». «Nous allons libérer notre pays de la terrible affliction des abus de drogue», a-t-il assuré.

On estime qu'environ deux millions d'Américains sont désormais dépendants aux opiacés, une catégorie de stupéfiants englobant des médicaments analgésiques délivrés sur ordonnance tels que l'oxycontin et le fentanyl, ainsi que l'héroïne, souvent mélangée à des substances de synthèse.

Preuve de son volontarisme, le président-milliardaire a affirmé jeudi que l'agence américaine du médicament, la FDA, avait d'ores et déjà demandé à ce qu'un «opiacé particulièrement à haut risque» - qu'il n'a pas nommé - soit immédiatement retiré du marché.

Rompre l'addiction

Il a également menacé de poursuivre «assez rapidement» en justice les personnes et les entreprises «qui ont fait du mal» aux Américains.

Le républicain a par ailleurs promis d'évoquer avec son homologue chinois Xi Jinping, lors de sa visite prochaine à Pékin, le cas du fentanyl, un opiacé de synthèse produit en Chine. Et, selon lui, M. Xi «fera quelque chose» à ce propos.

M. Trump avait reconnu en août que la situation sanitaire provoquée par la crise des opiacés relevait d'une situation d'urgence nationale. Une telle déclaration aurait permis de débloquer des fonds fédéraux prévus en cas de désastres naturels.

À l'inverse, la déclaration d'urgence de santé publique ne débloque aucun fonds supplémentaires du gouvernement fédéral, mais la Maison-Blanche demandera au Congrès d'augmenter l'enveloppe consacrée à cette crise, ont affirmé des responsables de l'administration.

Cette déclaration présidentielle sera en vigueur pendant 90 jours et pourra être renouvelée.

La mesure, ont souligné ces responsables, doit en outre permettre au ministère du Travail de débloquer des fonds normalement destinés à des salariés déplacés pour les consacrer à des personnes souffrant d'une accoutumance aux opiacés et les aider à rompre avec «le cycle de l'addiction et du chômage». Elle facilitera aussi l'accès à des traitements par la télé-médecine pour les personnes résidant dans des zones rurales, les plus durement touchées par cette crise.

Fred Trump 

Lors de son annonce contre cette dépendance, Donald Trump a aussi partagé son histoire personnelle. Plus précisément celle de son grand frère décédé Fred Trump qui, a-t-il dit, a eu une «vie très dure à cause de l'alcool».

«Il me disait "ne bois pas"», a-t-il raconté. «Et je l'ai écouté. À ce jour, je n'ai jamais pris un verre», a-t-il assuré, soulignant que les addictions devaient être combattues dès le plus jeune âge.

Selon une commission spéciale créée par Donald Trump sur l'addiction et l'abus d'opiacés, 142 Américains sont décédés chaque jour d'une surdose d'opiacés en 2015, soit davantage que l'addition du nombre de victimes d'accidents de la route et d'homicides par balle.

D'après une estimation du New York Times, 60 000 personnes sont mortes de surdoses d'opiacés aux États-Unis en 2016, une augmentation de 19% par rapport à 2015.

Au moment où le président américain déclarait l'urgence de santé publique jeudi, les actions de trois grandes entreprises américaines spécialisées entre autres dans la distribution d'opiacés ont chuté en Bourse: les titres de McKesson, d'AmerisourceBergen et de Cardinal Health ont terminé en baisse respectivement de 5,18%, 4,20% et 3,43%.