Un juge fédéral de l'État américain du Maryland a largement suspendu l'application de la troisième version du décret anti-immigration du président américain Donald Trump, quelques heures seulement après un jugement similaire pris mardi par un magistrat de Hawaï.

La décision du juge Theodore Chuang a également une portée nationale et devrait faire l'objet d'un appel rapide du gouvernement, qui entend interdire de façon permanente le franchissement des frontières américaines aux ressortissants de sept pays, musulmans dans leur majorité.

Cette dernière mouture du décret migratoire «est une réanimation difficilement séparable du décret anti-musulmans par deux fois bloqué», a estimé le juge Chuang.

Il a donc interdit aux autorités de bloquer l'arrivée de voyageurs étrangers ayant une «relation valable» avec une personne ou une entité aux États-Unis.

Donald Trump a justifié ses trois décrets par des motifs de sécurité nationale. Ses détracteurs lui reprochent au contraire de cibler sans raison et de façon discriminatoire des dizaines de millions de musulmans.

Le président américain avait signé le 25 septembre un troisième et nouveau décret interdisant de façon permanente le franchissement des frontières américaines aux ressortissants de sept pays: Yémen, Syrie, Libye, Iran, Somalie, Corée du Nord et Tchad.

De façon punitive, le nouveau décret suspend également l'entrée aux États-Unis de responsables gouvernementaux vénézuéliens.

Les restrictions prévues par ce nouveau décret devaient entrer en vigueur dans leur totalité ce mercredi, alors que plusieurs organisations de défense des réfugiés avaient appelé à manifester dans plusieurs villes des États-Unis.

À Washington, la manifestation a rassemblé moins d'un millier de personnes devant la Maison-Blanche, aux cris de «non au décret anti-musulman» et «pas de décret, pas de mur, liberté pour tous», en référence au mur que M. Trump veut faire construire à la frontière mexicaine. Les organisateurs avaient prévu ensuite de défiler vers l'hôtel Trump International, situé à quelques rues de là.

Le femme de Fathi al-Huthaifi, un manifestant yéménite de 41 ans, est actuellement bloquée en Arabie saoudite à cause de ce décret. «Elle attend son visa, mais son rendez-vous est reporté, et encore reporté», a témoigné à l'AFP ce père de cinq enfants, qui ont tous la nationalité américaine. Il espère que les dernières décisions de justice permettront à son épouse de le rejoindre.

«Si on permet à un groupe d'être interdit d'entrée (aux États-Unis) alors on permet à d'autres groupes d'être interdits», a mis en garde l'activiste palestino-américaine Linda Sarsour, responsable de la plateforme MPowerchange.org.

Le décret migratoire «fait partie d'une campagne mise en place par cette administration» a-t-elle dénoncé, allant jusqu'à qualifier le texte de «programme de suprémacistes blancs».

Isra Chaker, conseillère auprès d'Oxfam America, a pour sa part critiqué une décision «qui affecte la vie de vrais gens». «Personne ne choisit de devenir un réfugié», a-t-elle ajouté.

Le dernier décret migratoire reste «un affront aux traditions américaines» dans un pays qui «s'est construit par les immigrants et les réfugiés», a-t-elle également proclamé, soulignant que les demandeurs d'asile acceptés aux États-Unis subissaient des vérifications de sécurité très poussées.