Pour tous les présidents américains, la rencontre des familles de militaires tombés au combat compte parmi les moments les plus poignants de leur séjour à la Maison-Blanche. Quand le président Donald Trump a laissé entendre, lundi, que certains de ses prédécesseurs n'ont pas été à la hauteur de la tâche, ceux qui ont déjà été témoins de ces rencontres émouvantes n'ont pas tardé à l'apostropher.

Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

«Il (Trump) est un animal fou», a lancé sur Twitter l'ancienne chef de cabinet adjointe de Barack Obama, Alyssa Mastromonaco. Les propos tenus par M. Trump dans la Roseraie de la Maison-Blanche, a-t-elle ajouté, n'étaient qu'un «(f g) mensonge».

«La plupart d'entre eux n'ont pas téléphoné (aux familles des soldats disparus)», a dit le président au sujet de ses prédécesseurs. Il a déclaré que M. Obama a peut-être appelé les familles «quelques fois», mais que «d'autres présidents n'ont pas appelé».

Donald Trump a par ailleurs affirmé qu'il «croyait avoir appelé toutes les familles de ceux qui sont morts». Toutefois, l'Associated Press a parlé aux proches de deux soldats morts à l'étranger pendant la présidence de M. Trump, qui affirment n'avoir reçu ni lettre ni appel de sa part. La famille d'un troisième soldat tué a dit n'avoir reçu aucun appel du président.

L'Associated Press a joint certaines familles de militaires décédés pendant la présidence de Donald Trump, notamment celle de Christopher Michael Harris, 25 ans, tué au côté d'un autre soldat dans une attaque suicide en Afghanistan, en août. Sa veuve, Brittany Harris, a précisé que la Maison-Blanche avait offert d'organiser un appel avec Donald Trump, mais que cela ne s'est jamais concrétisé. Elle n'a de plus reçu aucune lettre de sa part, mais a obtenu beaucoup de soutien du côté du Pentagone et d'autres membres du gouvernement.

Étienne J. Murphy, 22 ans, est mort le 26 mai après un accident à bord d'un véhicule blindé, en Syrie. Ni ses parents ni sa veuve n'ont reçu de lettre ou d'appel du président Trump. Aaron Butler, 27 ans, a été tué le 16 août à l'intérieur d'un édifice piégé, en Afghanistan. Sa mère, Laura Butler, et un porte-parole de la famille, Bill Boyle, ont dit que Donald Trump n'avait pas appelé, mais que d'autres représentants du gouvernement l'avaient fait.

Les preuves sont claires que les prédécesseurs de Donald Trump ont communiqué avec les familles des morts et des blessés, que ce soit en les visitant en personne, sinon par lettre ou par téléphone. Les présidents connaissent bien les hôpitaux militaires du pays ou encore la base militaire de Dover, dans le Delaware, où les restes des soldats tombés au combat sont souvent rapatriés.

Même empêtré dans deux guerres, George W. Bush «écrivait à toutes les familles des soldats disparus», a dit Freddy Ford, le porte-parole de l'ancien président. M. Ford a ajouté que M. Bush a aussi appelé ou rencontré «des centaines, voire des milliers» de proches des disparus.

Le photographe officiel de M. Obama, Pete Souza, a affirmé sur Twitter avoir photographié l'ancien président lors de «centaines de rencontres avec des soldats blessés, et les proches de ceux tués au combat».

M. Trump avait fait ces commentaires quand on lui avait demandé pourquoi il n'avait encore rien dit au sujet des quatre militaires qui ont été tués au Niger, le 4 octobre, dans une embuscade apparemment tendue par des militants affiliés à Daech (le groupe armé État islamique).

«En fait j'ai écrit une lettre individuelle aux soldats dont nous parlons, et elles seront envoyées aujourd'hui ou demain», a-t-il dit, sans pour autant expliquer pourquoi les lettres n'avaient pas encore été envoyées une semaine après l'attaque.

«Si vous regardez le président Obama et les autres présidents, la plupart d'entre eux ne faisaient pas d'appels», a-t-il renchéri.

Pressé de questions à ce sujet un peu plus tard, M. Trump a ajouté au sujet de M. Obama: «On m'a dit que souvent il n'appelait pas, et plusieurs présidents n'appellent pas. Ils écrivent des lettres». Il a ensuite poursuivi: «Le président Obama, je pense, appelait parfois, et peut-être que d'autres fois il n'appelait pas. Je ne sais pas. C'est ce qu'on m'a dit. (...) Certains présidents ne faisaient rien du tout.»

La Maison-Blanche a confirmé que Donald Trump avait téléphoné mardi aux familles des quatre soldats tués au Niger.

«Il a offert ses condoléances au nom d'une nation reconnaissante et a assuré les familles que le sacrifice extraordinaire pour le pays ne sera pas oublié», peut-on lire dans une déclaration officielle de la Maison-Blanche.

Au moins 800 militaires américains ont été tués en Irak chaque année entre 2004 et 2007, sous la présidence de George W. Bush, et chaque famille a reçu une lettre du président. Plusieurs autres ont aussi été jointes par téléphone.

Plus de 1700 soldats américains ont ensuite perdu la vie en Afghanistan sous la présidence de M. Obama.

La famille Obama avait à la Maison-Blanche un sapin de Noël «Gold Star» orné de centaines de photos et de notes écrites par les proches des militaires disparus au combat. Plusieurs familles «Gold Star» ont été invitées à la Maison-Blanche pendant les Fêtes, et ont amené des décorations pour le sapin.