Les tensions entre Donald Trump et son secrétaire d'État Rex Tillerson ont de nouveau éclaté au grand jour, lorsque le président américain a proposé de... comparer leurs tests de QI.

Le locataire de la Maison-Blanche a beau répéter que les articles qui détaillent ses relations difficiles avec le chef de la diplomatie sont «bidons», il n'a pas l'intention de tourner la page.

Et les propos rapportés en fin de semaine dernière par la chaîne NBC News, selon laquelle l'ex-patron du géant pétrolier ExxonMobil a qualifié le président américain de «débile» (moron) à la fin d'une réunion au Pentagone, l'ont semble-t-il piqué au vif.

«Je pense que c'est une fausse information», a affirmé Donald Trump dans un entretien au magazine Forbes. «Mais s'il l'a dit, je pense qu'il faudra comparer nos tests de QI. Et je peux vous dire qui va gagner», a-t-il ajouté.

Sa porte-parole, Sarah Huckabee Sanders, a tenté de clore la polémique en affirmant qu'il s'agissait «juste d'une blague». «Il ne remettait pas en cause l'intelligence du secrétaire d'État», a-t-elle martelé, assurant qu'il avait «100% confiance» en ce dernier.

«Le président peut bien se permettre une blague», «le secrétaire d'État n'a pas de soucis avec ça», a aussi tenté de minimiser la porte-parole du département d'État, Heather Nauert... tout en précisant bien que le QI de Rex Tillerson était «élevé».

Ce nouvel épisode est cependant venu alimenter les spéculations récurrentes sur une éventuelle démission de M. Tillerson.

Dans une période d'intense activité diplomatique, entre les vives tensions avec la Corée du Nord et l'annonce imminente de la position américaine sur l'accord nucléaire iranien, le président des États-Unis n'a-t-il pas affaibli un personnage central de son administration?

«Je n'ai affaibli personne, je ne crois pas au fait d'affaiblir qui que ce soit», a-t-il répondu depuis le Bureau ovale où il rencontrait un secrétaire d'État d'une époque lointaine, Henry Kissinger.

«Petit Bob Corker»

MM. Trump et Tillerson ont ensuite tenu plusieurs réunions communes à la Maison-Blanche, dont un dîner en présence également du secrétaire à la Défense Jim Mattis. Des discussions sur l'Iran, la Corée du Nord et la Turquie qualifiées de «positives» par le département d'État.

Les révélations de NBC News avaient contraint l'ancien homme fort d'ExxonMobil à prendre la parole pour affirmer son soutien public et son «engagement en faveur du succès» du locataire de la Maison-Blanche.

Quelques jours plus tôt, Donald Trump avait rabroué son secrétaire d'État pour avoir évoqué publiquement l'existence de canaux de communication visant à sonder les intentions de la Corée du Nord. «Il perd son temps à négocier», avait-il écrit. «Conserve ton énergie Rex, nous ferons ce que nous devons faire.»

Ces échanges surprenants à ce niveau de l'État interviennent au moment où Donald Trump est engagé dans un échange public très agressif, par Twitter interposé, avec l'élu républicain Bob Corker.

Mardi, il a aussi renouvelé ses attaques contre celui qui avait déploré, dans un tweet chargé d'ironie, que la Maison-Blanche soit devenue «une garderie pour adultes» et décrit son occupant comme un homme instable.

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Henry Kissinger était l'invité de Donald Trump, mardi, dans le Bureau ovale.

Reprenant ses habitudes de campagne durant laquelle il affublait régulièrement ses adversaires de surnoms moqueurs, il a qualifié le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat de «petit Bob Corker».

Tout ceci ne risque-t-il pas de mettre en danger sa grande priorité du moment : la réforme fiscale en préparations au Congrès, où les républicains ne disposent que d'une courte majorité?

«Je ne crois pas, non», a répondu le président des États-Unis. «Je pense que nous sommes bien partis. Les Américains veulent des baisses d'impôts».