La fusillade de Las Vegas, la plus meurtrière de l'histoire moderne des États-Unis, soulève pour la énième fois la question de l'encadrement des ventes d'armes à feu aux États-Unis. Mais ni Donald Trump ni le Congrès ne semblent prêts à faire bouger les lignes.

Selon les premiers éléments de l'enquête sur ce carnage qui a fait au moins 58 morts, le tireur disposait de plus de dix fusils dans sa chambre d'hôtel.

Dans une brève déclaration depuis la Maison-Blanche, le président américain a dénoncé un acte qui représente «le mal absolu» et appelé l'Amérique à l'unité et la prière. Mais n'a pas dit un mot sur la question des armes à feu. Peu après, sa porte-parole, Sarah Huckabee Sanders, a jugé ce débat «prématuré».

Or si l'enquête ne fait que débuter, les adversaires démocrates du président américain donnent déjà de la voix pour réclamer un débat de fond sur cette question passionnelle aux États-Unis. Face à l'émotion suscitée par cette attaque sanglante, le locataire de la Maison-Blanche pourra-t-il l'écarter d'un revers de manche ?

Soutenu avec force par la plus grande organisation du lobby des armes à feu aux États-Unis, la National Rifle Association (NRA), Donald Trump s'est posé, pendant la campagne, en farouche défenseur du Deuxième amendement de la Constitution. Objet d'âpres discussions quand à son interprétation, ce dernier stipule qu'«il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes».

Quelques heures après le drame, son ancienne rivale, la démocrate Hillary Clinton, a appelé à un changement de paradigme. «Notre chagrin n'est pas suffisant. Nous pouvons et devons mettre la politique de côté, tenir tête à la NRA et travailler ensemble pour essayer que cela n'arrive plus», a-t-elle tweeté.

Cette sortie lui a valu une réponse cinglante de la porte-parole de la Maison-Blanche: «Il est très facile pour Mme Clinton de critiquer, mais il faut se rappeler que la seule personne qui a du sang sur les mains est le tireur, et ce n'est pas le moment de s'en prendre à des individus ou à des organisations».

«Lâcheté»

Nancy Pelosi, chef des démocrates de la Chambre des représentants, a écrit au leader républicain Paul Ryan pour réclamer la création d'une commission visant à proposer «une loi de bon sens pour aider à mettre fin à cette crise».

Mais à ce jour, ni Donald Trump ni les élus républicains, qui ont la majorité au Congrès, n'ont donné de signes laissant présager un changement de posture sur ce thème.

«Vous avez un vrai ami à la Maison-Blanche (...) Vous m'avez soutenu, je vais vous soutenir», lançait le président septuagénaire 100 jours après son arrivée au pouvoir lors d'une rare apparition devant la NRA au grand complet.

Et durant la campagne, il était allé très loin dans son argumentaire, comme lorsqu'il avait pris en contre-exemple le régime français très restrictif de détention d'armes, affirmant que le bilan des attentats du 13 novembre à Paris n'aurait pas été aussi lourd si la loi avait été différente.

«Ces types sont entrés, boum, boum -- toi là-bas, boum. Et ils sont restés là et ont tué tout le monde. Aucune arme de l'autre côté. S'il y avait eu des armes de l'autre côté (...) je vous promets qu'il n'y aurait pas eu 130 morts», avait-il affirmé.

Pour gagner l'affection des militants de la NRA, Donald Trump rappelait aussi régulièrement que deux de ses fils étaient membres de la NRA depuis des années. «Ils ont tellement de fusils et d'armes, parfois même moi ça m'inquiète un peu», aimait-il raconter en riant.

Lundi matin, le sénateur démocrate du Connecticut Chris Murphy, État où a eu lieu le massacre dans l'école de Sandy Hook, à Newtown, en décembre 2012, a exprimé sa colère.

«À mes collègues: votre lâcheté et votre inaction ne peuvent être effacées par des pensées et des prières», a-t-il lancé.

«Il est temps que le Congrès se bouge et fasse quelque chose».