L'armée américaine et les équipes de secours ont intensifié leurs efforts vendredi pour venir en aide aux habitants de Porto Rico, dévasté il y a plus d'une semaine par l'ouragan Maria, tentant aussi de faire taire les critiques sur la lenteur de la gestion de la crise.

L'ouragan Maria est une «histoire de gens qui meurent», a affirmé vendredi la maire de San Juan, Carmen Yulin Cruz, pour répondre sèchement à l'administration américaine qui s'était félicitée du «succès» de la gestion des premiers secours.

Le président américain Donald Trump, qui doit se rendre mardi sur l'île, a cependant de nouveau défendu vendredi l'action de son gouvernement, soulignant l'ampleur des dégâts. «Nous n'avons jamais vu une telle situation (...). Nous repartons littéralement de zéro», a-t-il lancé lors d'un discours.

Le gouvernement a levé jeudi, et pour dix jours, des restrictions sur l'acheminement maritime des secours, ce qui doit permettre d'accélérer les opérations, placées sous le commandement d'un militaire, le général Jeff Buchanan. Près de 5000 soldats et 10 000 personnels civils ont été déployés sur l'île.

L'armée va notamment déployer des hélicoptères et des hôpitaux mobiles, a indiqué vendredi le général Buchanan.

Les détracteurs de Donald Trump l'accusent de négliger ce territoire américain où la distribution de l'aide serait notamment ralentie par un manque de coordination au sein des services de secours.

Alerte aux inondations

Maria a causé des dégâts immenses sur les infrastructures, avec notamment l'eau, l'électricité et les télécommunications totalement coupées pendant plusieurs jours.

Les premières cargaisons d'aide --vivres, eau, carburant, générateurs-- ne sont pas parvenues aussi vite que pour le Texas et la Floride, touchés respectivement par les ouragans Harvey et Irma fin août et début septembre.

Maria a fait au moins 16 morts, selon l'Agence fédérale de secours (Fema).

La secrétaire à la Sécurité intérieure Elaine Duke a ajouté jeudi à la polémique en se disant «satisfaite» de l'action du gouvernement.

«C'est vraiment une histoire de succès concernant notre capacité d'atteindre la population et concernant le petit nombre de morts lors de cet ouragan dévastateur», a-t-elle affirmé.

Mais la maire de San Juan s'est dite «en colère et frustrée» après cette «déclaration irresponsable».

«C'est peut-être une histoire de succès de là où elle est», a dit Carmen Yulin Cruz sur CNN. «Quand vous buvez l'eau d'une rivière (...), quand vous n'avez pas de nourriture pour votre bébé, ce n'est pas une histoire de succès (...). C'est une histoire de gens qui meurent».

En visite sur l'île vendredi, Mme Duke a expliqué avoir évoqué la bonne coopération entre la population et les secours.

Interrogé sur les propos de jeudi de Mme Duke, le président américain a déclaré vendredi: «je peux vous dire ceci, nous avons fait un travail incroyable si on considère le fait qu'il n'y a absolument rien» sur place.

Sur le terrain, l'acheminement de l'aide et les opérations de déblaiement des routes se poursuivaient pour désenclaver la région montagneuse du centre de l'île.

«Ils disent qu'il y a de l'aide, mais je ne l'ai pas vue. À la campagne, on ne la voit pas», affirme Subjehily Lopez, une femme de 34 ans. Avec ses cinq enfants elle remplit sur le bord d'une route, près du village de Comerio, des bouteilles avec de l'eau qui jaillit d'un long tuyau de plastique planté dans les flancs de la colline, une installation artisanale montée par les villageois.

Neuf jours après la catastrophe, seul 4,5% du réseau électrique est vendredi en état de marche, et seule la moitié de la population a accès à l'eau courante.

«C'est lent»

Une dizaine d'hôpitaux sont à présent en état de fonctionner autour de San Juan, a expliqué Ricardo Ramos, patron de l'Autorité locale pour l'électricité. Selon lui, environ 4000 électriciens s'activent pour réparer le réseau et un millier d'autres devraient arriver en fin de semaine.

Les autorités ne cachent pourtant pas leurs difficultés. «Il y a beaucoup de travail. Nous devons augmenter le rythme des livraisons et améliorer notre logistique», a dit Ricardo Rossello, gouverneur de Porto Rico sur CNN.

Un bulletin d'alerte a par ailleurs été émis vendredi en raison de pluies attendues jusqu'à dimanche qui pourraient provoquer des inondations.