Le président Donald Trump a ébranlé ses alliés de la majorité républicaine jeudi en négociant directement avec l'opposition démocrate pour régulariser des centaines de milliers de clandestins, provoquant un tollé parmi ses supporteurs de la première heure.

Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

Clairement déçu par l'inaction et les divisions internes des parlementaires républicains depuis janvier, le dirigeant a résumé franchement sa nouvelle stratégie: «S'ils ne sont pas capables de se rassembler, je vais devoir demander un peu d'aide aux démocrates».

C'est la seconde fois, en une semaine, que Donald Trump s'accorde avec «Chuck et Nancy», Chuck Schumer et Nancy Pelosi, les chefs des minorités démocrates du Sénat et de la Chambre des représentants. Il avait conclu une entente avec eux sur la dette et le budget lors d'un rendez-vous dans le Bureau ovale.

Cette fois, c'est un dîner, mercredi dans le salon bleu de la Maison-Blanche, qui a permis de sceller un apparent accord de principe sur les sans-papiers.

En échange de la régularisation de centaines de milliers de jeunes clandestins, surnommés «Dreamers», les démocrates, qui disposent d'une minorité de blocage au Sénat, accepteraient de voter des crédits pour doper en technologies (drones, détecteurs...) et en moyens la protection de la frontière avec le Mexique, afin de freiner les arrivées de sans-papiers.

Surtout, Donald Trump a selon les démocrates capitulé sur le mur frontalier qu'il s'est engagé à construire, reportant à «plus tard» la bataille pour le vote des crédits pour sa construction.

«Il y a 800 000 jeunes, nous travaillons d'arrache-pied sur un plan», a déclaré Donald Trump à Washington. «Je pense que nous en sommes assez proches mais il nous faut une sécurité massive à la frontière».

Reste à finaliser, dans une texte de loi qui devra être adopté au Congrès, les détails de l'accord.

Enregistré par un micro d'ambiance dans l'hémicycle, Chuck Schumer s'est en tout cas confié à un collègue: «Il nous aime bien, en tout cas moi».

«Je lui ai dit qu'il fallait qu'il donne un coup à droite, un coup à gauche de temps en temps. "Si vous restez toujours du même côté, vous êtes coincé"», a raconté Chuck Schumer... assurant que le président le comprenait bien.

«Je suis certaine que le président est sincère», a de son côté estimé Nancy Pelosi, disant qu'il s'agissait d'une première pierre, augurant peut-être d'autres accords dans d'autres domaines, comme les infrastructures.

Coup politique

Donald Trump «est un président de téléréalité», dit l'expert John Hudak, de la Brookings Institution.

«Quand il travaille avec les démocrates, il reçoit de bons commentaires médiatiques, de bonnes critiques. C'est pour cela qu'il semble enclin à continuer», analyse le politologue.

Affront pour le parti républicain, ni le président de la Chambre, Paul Ryan, ni l'homme fort du Sénat, Mitch McConnell, n'étaient présents au dîner.

«Il n'y a pas d'accord», a prévenu Paul Ryan jeudi, en insistant qu'il fallait encore que les négociations aboutissent.

Chez les conservateurs, le principe du compromis était toutefois déjà perçu comme une trahison.

Ils sont furieux que leur héros ne considère plus comme une urgence absolue la construction d'un imposant mur en béton le long de la frontière.

«Un mur est un mur, les Américains ne s'y tromperont pas», a dénoncé l'élu conservateur Steve King sur CNN. «La base électorale va l'abandonner», a-t-il prévenu, tandis que commentateurs et sites conservateurs s'étranglaient.

En réalité, de nombreux républicains soutiennent la régularisation des sans-papiers couverts par le programme DACA.

Créé par Barack Obama en 2012, il a permis de donner des papiers temporaires à des clandestins arrivés avant l'âge de 16 ans. Environ 690 000 disposent actuellement de ce permis, selon le gouvernement, et non 800 000 qui correspondaient à un précédent chiffrage.

Les républicains considéraient ce programme comme illégal, et Donald Trump l'a supprimé, avec six mois de sursis, appelant le Congrès à transposer peu ou prou Daca dans la loi.

Mais les conservateurs voulaient exiger en contrepartie le vote de fonds pour le mur, estimant qu'il s'agissait de la promesse de campagne la plus emblématique de Donald Trump. Quitte à déclencher un bras de fer budgétaire avant une date-butoir en décembre.

Le président, pragmatique, a décidé de ne pas en faire un casus belli.

«Il n'a jamais été un politique conventionnel ou orthodoxe», philosophait cette semaine l'élu républicain Tom Cole. «Je ne l'imagine pas changer de style pour faire plaisir aux républicains».

Face à la grogne, le président a répété, à son arrivée en Floride: «Il faut qu'on ait le mur». Mais il a expliqué que son financement pourrait intervenir «plus tard».

En réalité, de nombreux républicains soutiennent la régularisation des sans-papiers couverts par le programme DACA.

Créé par Barack Obama en 2012, il a permis de donner des papiers temporaires à des clandestins arrivés avant l'âge de 16 ans. Environ 690 000 disposent actuellement de ce permis, selon le gouvernement, et non 800 000 qui correspondaient à un précédent chiffrage.

Les républicains considéraient ce programme comme illégal, et Donald Trump l'a supprimé, avec six mois de sursis, appelant le Congrès à transposer peu ou prou Daca dans la loi.

Mais les conservateurs voulaient exiger en contrepartie le vote de fonds pour le mur, estimant qu'il s'agissait de la promesse de campagne la plus emblématique de Donald Trump. Quitte à déclencher un bras de fer budgétaire avant une date-butoir en décembre.

Le président, pragmatique, a décidé de ne pas en faire un casus belli.

«Il n'a jamais été un politique conventionnel ou orthodoxe», philosophait cette semaine l'élu républicain Tom Cole. «Je ne l'imagine pas changer de style pour faire plaisir aux républicains».