Donald Trump a vu jeudi les «dévastations» de l'ouragan Irma lors d'une visite éclair en Floride où le rétablissement de l'électricité reste une priorité après la mort de huit retraités, vraisemblablement en raison de l'absence d'air conditionné.

«Nous avons vu les dévastations et nous allons encore en voir malheureusement», a lancé le président américain à son arrivée à Fort Myers, sur la côte ouest de la Floride, zone la plus touchée par la tempête.

Après une réunion sur les secours mis en oeuvre, le président a survolé en hélicoptère les terres inondées et les maisons aux toits envolés jusqu'à Naples, une station balnéaire cossue sérieusement endommagée par Irma.

Accompagné de son épouse Melania et du vice-président Mike Pence, il a parcouru quelques rues de la ville et rencontré les habitants, se pliant avec plaisir à des séances de selfies. Il ont participé avec des volontaires à la distribution des vivres - sandwiches, fruits, eau minérale - aux sinistrés.

«Le plus dur c'est de ne plus avoir ni eau, ni électricité. Et ne pas savoir quand ça va revenir», a confié Stasia Walsh, une septuagénaire de Naples dont le lotissement a été gravement endommagé.

Auparavant, Donald Trump avait salué le travail «incroyable» des autorités locales pour réparer les dégâts, notamment les employés des compagnies d'électricité «venus de tout le pays» pour rétablir les lignes. «Le courant revient, avec de l'avance par rapport aux prévisions, avec des semaines d'avance», avait-il lancé.

Plus de 2,6 millions d'habitants, dont un grand nombre de personnes âgées qui ont choisi de prendre leur retraite dans le Sunshine State, étaient encore privés de courant quatre jours après le passage de la tempête, selon l'Agence de gestion des secours de l'État (FEMA).

L'activité économique reprend graduellement. Le trafic de l'aéroport de Fort Lauderdale connaissait jeudi «un minimum de retards», alors que celui de Miami devait retrouver son rythme normal en fin de semaine.

Chaleur étouffante

Donald Trump a annoncé dès dimanche qu'il se rendrait dans l'État sinistré, comme il l'avait fait à deux reprises au Texas, confronté fin août à des inondations historiques provoquées par l'ouragan Harvey.

Sa visite est endeuillée par l'annonce de la mort de huit pensionnaires, âgés de 70 à 99 ans, d'une maison de retraite qui fonctionnait sans air conditionné en raison des coupures d'électricité.

Ces décès «semblent liés à l'absence d'électricité pendant la tempête», a déclaré le chef de la police de la ville d'Hollywood, Tomas Sanchez.

D'autant qu'avec le retour du ciel bleu, la Floride est accablée par une touffeur humide de plus de 30 degrés qui devrait encore durer plusieurs jours.

Les quelque 115 autres pensionnaires de la maison de retraite ont été hospitalisés, certains souffrant de déshydratation ou de détresse respiratoire.

«Cette situation est inimaginable» a tonné le gouverneur de Floride, Rick Scott, promettant d'entamer des poursuite «s'il résulte que des personnes n'ont pas agi dans le meilleur intérêt des patients». Des enquêtes judiciaire et administrative ont été ouvertes.

Partout dans le sillage d'Irma, jusqu'en Géorgie et en Caroline du Sud, autorités et résidents s'attelaient à dégager les gravats accumulés sur les routes, dans les rues et les propriétés.

Au total, Irma a fait 20 morts en Floride. L'ouragan a fait au moins 41 autres morts aux Caraïbes, dont 10 à Cuba.

Plusieurs dirigeants européens sont également venus constater les dégâts et promettre des fonds pour la reconstruction des îles antillaises dévastées par le passage d'Irma: le président français Emmanuel Macron à Saint-Barthélemy et Saint-Martin, où Irma a fait 11 morts, le roi des Pays-Bas Willem-Alexander dans la partie néerlandaise de Saint-Martin (4 morts) ou encore le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson dans les îles Vierges britanniques (9 morts).

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Un pasteur et sa femme posent devant leur église, entourée d'eau, dans la ville d'Immokalee, dans le sud de la Floride.

Faire bouillir l'eau 

«Ça a été violent. C'est le genre de situation où vous vous demandez si vous allez vous en sortir», a pour sa part témoigné Daniel Drum, 67 ans, habitant de Cudjoe Key, une des îles de l'archipel des Keys.

Si Daniel Drum est resté chez lui pendant le passage d'Irma, d'autres on évacué et commencent à revenir dans l'archipel après la réouverture de la route conduisant à Key West, située à l'extrémité du chapelet d'îles où 85% des habitations sont détruites ou endommagées, selon la FEMA.

Des équipes de secours distribuaient dans la petite ville de la nourriture aux habitants, qui formaient de longues files dans les rues. L'agence régionale de gestion des secours conseillait jeudi aux habitants de faire bouillir l'eau du robinet avant de la consommer.

«Cela va prendre des mois, peut-être des années, pour nettoyer tout ça», a prédit Bryan Holley, un résident interrogé par la chaîne NBC.

De l'autre côté du détroit de Floride, Cuba pansait elle aussi ses plaies et s'inquiétaient pour les secteurs de l'agriculture, du tourisme et de l'habitat, fortement impactés par l'ouragan le plus puissant ayant frappé l'île depuis 1932.

Les Pays-Bas ont par ailleurs envoyé 49 policiers supplémentaires dans la partie néerlandaise de Saint-Martin où des scènes de pillages avaient suivi le passage de la tempête, pour remplacer les militaires dans leur missions de secours et de maintien de l'ordre. Environ 600 membres des forces de sécurité sont déjà sur l'île ou en route.

Mais la saison des tempêtes n'est pas finie. L'ouragan Max s'approchait jeudi de la côte pacifique du Mexique, avec des vents de 120 km/h, selon le Centre américain des ouragans (NHC).

AP

Des agents de la FEMA font du porte-à-porte à Cudjoe Key.