Un juge doit décider du sort de la seule clinique proposant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans l'État du Kentucky au terme d'un procès qui débute ce mercredi, et pourrait avoir des conséquences sur les régulations encadrant l'avortement dans tous les États-Unis.

La clinique EMW Women's Surgical Center poursuit en justice le Kentucky, dans le sud des États-Unis, pour des exigences de sécurité qu'elle juge déraisonnables et coûteuses.

Si la clinique est déboutée et forcée de fermer ses portes, le Kentucky deviendrait le seul État américain sans clinique pratiquant l'avortement.

«Ce serait un peu historique», a réagi Rusty Thomas, un dirigeant religieux et chef du groupe anti-avortement Operation Save America.

«Nous sommes attaqués», a pour sa part réagi le docteur Ernest Marshall, qui opère dans la clinique EMW. «C'est le droit à l'avortement dans le Kentucky qui est remis en question», a-t-il ajouté.

«Cela fait 37 ans que je pratiques des avortements. J'ai vu plus d'une dizaine de cliniques fermer dans notre État», a-t-il également déclaré.

Ce procès est le premier à tester une décision de la Cour suprême des États-Unis, l'an dernier, qui accorde aux cliniques pratiquant l'avortement des protections supplémentaires, alors que le nombre de lois votées au niveau des États fédérés pour imposer des restrictions à l'avortement a grimpé en flèche au cours des dernières années.

Sept États américains ne possèdent plus qu'une seule clinique pratiquant l'avortement, selon l'institut Guttmacher, un organisation oeuvrant pour les droits reproductifs et sexuels.

La raison tient à la prise de contrôle de nombre de législatures par des républicains très conservateurs totalement opposés à l'avortement, explique Elizabeth Nash, de l'Institut Guttmacher.

«Il y a eu une véritable polarisation sur l'avortement», poursuit-elle.

Matt Bevin, le gouverneur républicain du Kentucky, a ainsi expliqué à une radio locale qu'il ne défendait pas «le fait de tuer des enfants pas encore nés».

Le procès du Kentucky porte sur la question de savoir s'il est raisonnable pour le gouvernement local d'exiger qu'une clinique pratiquant des avortements soit connectée à un hôpital en cas d'urgence.

Le juge a rendu une ordonnance provisoire en début d'année pour empêcher la fermeture de la clinique, en s'appuyant sur le fait que l'établissement gagnera probablement son procès.

La clinique EMW affirme avoir déjà des plans d'urgence en place pour transporter les patients dans un hôpital en cas de complication, et voit dans cette exigence un «fardeau indu», tel que défini par la Cour suprême, qui a aboli l'année dernière une loi semblable au Texas.

L'État affirme au contraire être le garant de la sécurité des patients et assure que les femmes auront toujours accès à la possibilité d'avorter, même si la clinique est forcée de fermer.