L'ancien président américain Barack Obama a dénoncé une décision «cruelle» après la remise en cause par l'administration Trump du programme permettant à des centaines de milliers de jeunes sans-papiers, connus sous le nom de Dreamers, d'étudier et de travailler aux États-Unis.

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«Il s'agit de jeunes gens qui ont grandi en Amérique, d'enfants qui étudient dans nos écoles, de jeunes adultes qui débutent leur vie professionnelle, de patriotes qui s'engagent à respecter notre drapeau», a-t-il souligné dans un message publié sur sa page Facebook, défendant ce programme qu'il avait mis en place en 2012, par décret.

Le DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals), remis en cause mardi par Donald Trump, visait à faire sortir de l'ombre les enfants arrivés illégalement aux États-Unis avec leurs parents, pour la plupart en provenance d'Amérique latine.

«S'en prendre à ces jeunes est une mauvaise décision, car ils n'ont rien fait de mal. C'est contre-productif, parce qu'ils veulent créer des entreprises, travailler dans nos laboratoires, s'engager dans notre armée et plus largement s'impliquer dans ce pays que nous aimons», a estimé M. Obama, qui était jusqu'ici resté très discret depuis son départ de la Maison-Blanche le 20 janvier.

«C'est aussi cruel», ajoute l'ancien président démocrate. «Et si le professeur de sciences de nos enfants, ou notre voisin était un Dreamer? Ou devrions-nous l'envoyer? Dans un pays qu'il ne connaît pas ou dont il ne rappelle même plus avec une langue qu'il ne parle peut-être même pas»?

«In fine, c'est une question de décence élémentaire», conclut-il.

«Il s'agit de savoir si nous sommes des gens qui expulsons de jeunes travailleurs pleins d'espoir hors de l'Amérique ou si nous les traitons de la manière dont nous aimerions que nos enfants soient traités. Il s'agit de savoir qui nous sommes et qui nous souhaitons être».

Des manifestants contestent la fin du programme

Des manifestants se sont rassemblés dans plusieurs villes des États-Unis, mardi après-midi, quelques heures après que l'administration Trump eut annoncé la fin d'un programme gouvernemental qui protégeait de la déportation des centaines de milliers de jeunes migrants arrivés illégalement au pays lorsqu'ils étaient enfants.

À New York, la police a menotté plus d'une douzaine de manifestants qui ont bloqué temporairement la Cinquième Avenue, à Manahattan, devant la tour Trump. La manifestation avait commencé par une marche et avait attiré environ 400 personnes.

D'autres manifestations ont eu lieu à Phoenix, en Arizona, à Miami, en Floride, et à Los Angeles, en Californie.

À Chicago, le maire Rahm Emanuel a dit à des élèves d'une école secondaire accueillant plusieurs jeunes sans-papiers qu'ils étaient les bienvenus. Il a promis que les écoles de sa ville seraient «libres de Trump».

C'est le procureur général Jeff Sessions qui a annoncé en matinée que l'administration Trump n'accepterait plus les demandes en vertu du programme appelé «Deferred Action for Childhood Arrivals» (DACA), qui donnait un sursis aux quelque 800 000 jeunes sans papiers à l'aide d'un permis de travail renouvelable tous les deux ans. L'ancien président Barack Obama avait adopté ce programme par décret.

- Avec Associated Press

AP

Manifestation pro-DACA, mardi, à Miami.