Houston, la plus grande ville du Texas, se préparait dimanche soir à affronter sa deuxième nuit sous des trombes d'eau, isolée par des inondations «sans précédent» provoquées par la tempête Harvey.

Sur le terrain, des milliers de sauveteurs, pompiers, policiers, gardes-côtes, militaires de la garde nationale et de simples volontaires se sont mobilisés toute la journée pour sauver des gens de la montée des eaux parfois fulgurante.

Jeremiah et son fils de 6 ans Jeremiah junior ont eu de la chance. Ils ont eu le temps de grimper au premier étage de leur maison à Houston et se sont faufilés par la fenêtre avant d'être hissés à bord d'un hélicoptère.

«Nous remercions Dieu, nous remercions Dieu», lance le père à un journaliste de la chaîne ABC locale. L'homme et son petit garçon n'ont que leur t-shirt et leur short pour se protéger de la pluie qui continue de tomber drue.

Parfois les moyens de sauvetage sont plus rudimentaires. Des policiers du quartier de South Central ont formé une chaîne humaine pour récupérer un homme accroché à un arbre. Le compte Twitter de la police de Houston a immortalisé le moment.

Donald Trump, qui avait promis d'attendre, afin de ne pas gêner les secours, avant de se rendre dans cet État du sud frappé de plein fouet par le plus puissant ouragan à accoster aux États-Unis depuis 2005, ira sur place dès mardi.

Le Texas devrait encore être confronté ce jour-là à des pluies torrentielles et des «inondations catastrophiques», selon le National Weather Service (NWS), car Harvey, rétrogradé en tempête tropicale, fait quasiment du sur-place. Les services météo évoquent des intempéries «sans précédent» dont «les conséquences ne sont pas encore connues mais vont au-delà de ce qu'on a jamais vu».

Le président américain va pouvoir constater de ses yeux «la dévastation totale», qu'il «nous faudra très longtemps pour tout reconstruire», a estimé le gouverneur du Texas Greg Abbott sur la chaîne de télévision MSNBC. «Ce sera déchirant pour lui», a-t-il ajouté, tout en assurant que le déplacement aurait lieu dans un endroit «à l'abri» où la tempête ne sera plus en train de sévir.

La tempête a fait au moins trois morts. Mais des zones entières sont encore inaccessibles ou submergées, et le gouverneur Abbott a estimé qu'il était trop tôt pour donner un bilan humain.

«C'est grave et ça va empirer», a-t-il averti sur Fox News Sunday, soulignant que les dégâts atteindront «des milliards de dollars».

La tempête n'est pas terminée 

«Même s'il y a une accalmie aujourd'hui, ne pensez pas que la tempête est terminée», a renchéri le maire de Houston Sylvester Turner, encourageant ses 2,3 millions d'administrés à rester chez eux.

«C'est dingue de voir les routes sur lesquelles on conduit tous les jours qui sont totalement sous l'eau», dit John Travis, un habitant de Houston. «Avec toutes ces inondations, on ne peut aller nulle part», confie de son côté Brit Breger.

Mais ce n'est pas terminé pour la région de la capitale de l'industrie pétrolière américaine, quatrième plus grande ville des États-Unis. D'après le dernier bulletin du Centre national des ouragans (NHC), entre 38 et 63 cm de pluie devraient encore y tomber d'ici jeudi, pour un cumul total pouvant atteindre 127 cm.

Au même moment sur la côte texane, ravagée par le plus puissant ouragan qui ait touché l'État depuis 1961, l'heure était au constat des dégâts.

«Je suis resté là pendant toute la tempête (...), j'ai vu la destruction se passer, tous les toits s'envoler des maisons, les arbres tomber, c'est horrible», commente John Moraida, habitant de Victoria, au sud-ouest de Houston.

Plus de 316 000 clients restaient privés d'électricité, sans compter ceux de Houston.

Mais là aussi, le répit pourrait n'être que bref car le littoral devrait voir arriver les inondations s'écoulant de l'intérieur des terres.

AFP

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott.

56 000 appels d'urgence 

Pompiers, garde-côtes, 3000 membres de la garde nationale, vingt hélicoptères: tous les services étaient mobilisés et plus de 1500 sauvetages ont déjà pu être réalisés.

Les deux principaux aéroports de Houston ont dû fermer, tandis que les principales routes étaient englouties sous les eaux. Et deux hôpitaux, dont l'un des plus grands de la ville, le Ben Taub Hospital, ont dû être évacués.

À Houston, le numéro d'urgence 911 a reçu 56 000 appels en l'espace de quinze heures, soit sept fois plus qu'en une journée normale. Le maire a dû justifier sa décision de ne pas ordonner en amont une évacuation préventive: «vous ne pouvez pas mettre 2,3 millions de personnes sur la route, c'est dangereux», a assuré Sylvester Turner.

Le prédecesseur de M. Trump, Barack Obama a remercié les sauveteurs dans un tweet à ses 94 millions d'abonnés et surtout encouragé à faire des dons à la Croix-Rouge par texto.

Des renforts sont arrivés de plusieurs États américains, dont la Louisiane voisine, frappée en 2005 par l'ouragan Katrina, qui avait provoqué une catastrophe humanitaire avec plus de 1800 morts et la destruction de quartiers entiers de La Nouvelle-Orléans. La réaction du président George W. Bush avait été particulièrement critiquée et explique en partie la mobilisation très rapide de ses successeurs face aux intempéries.

Et la Louisiane est de nouveau menacée.

Le passage de Harvey pourrait affecter les cours du pétrole. La côte texane accueille près d'un tiers des capacités de raffinerie de pétrole des États-Unis et le Golfe du Mexique 20% de la production américaine.

Plus d'une centaine de plateformes ont été évacuées, représentant environ un quart de la production quotidienne de brut et de gaz, et de nombreuses installations à terre fermées. Le géant pétrolier ExxonMobil a ainsi annoncé dimanche l'arrêt des activités de son site de Baytown, l'un des plus grands du monde, proche de Houston.

AFP

Le complexe sportif Delco Center, à Austin, s'est transformé en abri pour les personnes évacuées.