Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a salué mardi «le niveau de retenue» dont a fait preuve la Corée du Nord depuis l'imposition de nouvelles et lourdes sanctions économiques à l'ONU. Il a également souligné que le Pakistan pourrait perdre son statut d'allié privilégié des États-Unis s'il ne change pas d'attitude vis-à-vis des talibans afghans.

«Je suis content de voir que le régime à Pyongyang a montré un certain niveau de retenue que nous n'avions pas vu par le passé», a noté M. Tillerson au cours d'une rare conférence de presse.

Il a espéré que l'absence d'essais de missile ou de bombe nucléaire signalait la volonté de Pyongyang d'entamer des pourparlers directs avec Washington, «à un moment donné dans un futur proche».

«Il faut qu'ils en fassent davantage, mais je tiens à souligner les gestes qu'ils ont fait jusque-là. Je crois que c'est important de le souligner», a ajouté M. Tillerson.

Les tensions entre le régime de Kim Jong-Un et la communauté internationale -et en particulier les États-Unis- se sont accrues ces derniers mois après le test réussi de deux tirs de missiles balistiques intercontinentaux nord-coréens qui, selon les experts, peuvent atteindre la côte ouest des États-Unis voire la côte est.

Des fuites dans la presse américaine ont également révélé récemment que les services de renseignement militaires des États-Unis étaient convaincus que les Nord-Coréens avaient réussi à suffisamment miniaturiser une bombe atomique pour la placer sur un missile.

Après des propos au ton très martial du président Donald Trump et les menaces de Pyongyang de lancer des missiles dans les eaux au large de l'île américaine de Guam, les choses s'étaient finalement apaisées. Kim Jong-Un avait annoncé publiquement qu'il suspendait ce projet.

«Nous espérons que c'est le début du signe que nous avons espéré montrant qu'ils sont prêts à limiter le niveau de tension», a insisté M. Tillerson.

«Ils sont prêts à limiter leurs actes provocateurs et peut-être que nous voyons là le chemin vers une forme de dialogue quelque part dans un futur proche», a-t-il ajouté.

Le Pakistan pourrait perdre son statut d'allié privilégié

Le Pakistan pourrait perdre son statut d'allié privilégié des États-Unis s'il ne change pas d'attitude vis-à-vis des talibans afghans comme réclamé par Donald Trump, a également déclaré le secrétaire d'État américain.

Prié de dire si Washington pourrait réduire son aide, imposer des sanctions voire retirer à Islamabad le statut d'«allié majeur non membre de l'OTAN», il a répondu devant la presse: «Toutes ces choses sont sur la table si, dans les faits, ils refusent de changer d'attitude ou de changer leur approche à l'égard des nombreuses organisations terroristes qui trouvent refuge au Pakistan».

«Nous avons quelques moyens de pression», «en termes d'aide, leur statut de partenaire non membre de l'OTAN, tout cela peut être mis sur la table», a-t-il insisté.

Le Pakistan est l'un des 16 pays qui bénéficient actuellement de ce statut privilégié qui prévoit une étroite coopération militaire avec les États-Unis.

Le président Donald Trump, en présentant lundi sa stratégie pour la guerre en Afghanistan, a accusé ouvertement le Pakistan d'être un «refuge» pour les «terroristes» qui déstabilisent le pays voisin, et a réclamé que cela cesse «immédiatement».

Le chef de la diplomatie américaine a refusé de dire si cela pouvait se traduire par des frappes des États-Unis au Pakistan. «Mais le président a dit très clairement que nous allons attaquer les terroristes où qu'ils se trouvent», a-t-il glissé.

Rex Tillerson a insisté sur la dimension «régionale» de cette stratégie impliquant le Pakistan, mais aussi l'Inde, qui «vise à faire pression sur les talibans pour qu'ils comprennent qu'ils ne gagneront pas sur-le-champ de bataille». «Nous ne gagnerons peut-être pas, mais vous pas davantage. À un moment donné il faudra négocier», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse à Washington, évoquant de nécessaires pourparlers entre le gouvernement afghan et les talibans.

«Le Pakistan peut jouer un rôle important pour amener les talibans à la table des négociations», a-t-il estimé.