Donald Trump s'est choisi une nouvelle cible: l'un des ténors de son propre parti, Mitch McConnell, coupable à ses yeux de ne pas avoir réussi à abroger Obamacare, réforme emblématique de son prédécesseur démocrate.

Cette mise en cause publique du chef des républicains au Sénat, qui fut l'un plus féroces opposants à Barack Obama, a surpris à Washington tant le président américain aura besoin de lui dans les mois à venir pour traduire dans la loi ses promesses de campagne, au premier rang desquelles une vaste réforme fiscale qui s'annonce particulièrement délicate.

Après une série de tweets vengeurs visant l'homme fort du Kentucky (qui effectue son sixième mandat de sénateur), le locataire de la Maison-Blanche a même estimé que ce dernier devrait peut-être envisager de quitter son poste.

Interrogé, depuis son club de golf de Bedminster, où il est en vacances, sur l'éventuel départ de Mitch McConnell, M. Trump a répondu: «S'il ne réussit pas à abroger et remplacer (Obamacare), s'il ne réussit pas sur les infrastructures, alors vous pourrez me poser la question».

«Est-ce que vous arrivez à croire que Mitch McConnell, qui a crié «Abrogez et remplacez» pendant sept ans, n'a pas réussi à le faire. Il faut abroger et remplacer Obamacare!», avait-il lancé dès jeudi matin sur Twitter.

Après des mois de tractations, les républicains, pourtant majoritaires au Congrès, ont une nouvelle fois échoué fin juillet à remettre en cause cette réforme du système de couverture santé mise en place par Barack Obama en 2010.

Le Sénat a rejeté par 51 voix contre 49 une abrogation partielle de ce texte.

«Ils ont perdu d'une voix. C'est vraiment une honte. Et, honnêtement, cela n'aurait jamais dû arriver», s'est-il lamenté depuis Bedminster.

Trop de tweets 

Donald Trump, qui avait fait de la mise à terre de ce texte l'une de ses principales promesses de campagne, a mal vécu l'épisode.

D'autant que six mois après sa prise de fonction, il n'a pas la moindre avancée législative à son actif. Si, pour la première fois depuis 2006, les républicains contrôlent à la fois la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès, les divisions qui minent le «Grand Old Party» rendent toute avancée difficile.

Mais le facteur déclenchant de l'ire présidentielle semble avoir été les récentes déclarations du leader républicain du Sénat.

Depuis son fief du Kentucky, il a critiqué en début de semaine le manque de connaissance du fonctionnement du Congrès dont fait preuve le magnat de l'immobilier.

«Notre nouveau président n'a, c'est une évidence, pas l'expérience de ce genre de processus. Je pense qu'il avait des attentes excessives sur la vitesse à laquelle les choses se font dans le processus démocratique», a-t-il lancé.

Donald Trump a peu apprécié: «Le sénateur Mitch McConnell dit que j'avais des "attentes trop élevées", je ne pense pas», a-t-il réagi mercredi soir, avant de se faire plus explicite jeudi matin.

Autre remarque qui a pu accentuer le courroux du président septuagénaire: Mitch McConnell a redit son peu de goût pour les sorties de Donald Trump sur Twitter.

«Je n'étais pas et je ne suis toujours pas un fan de son usage de Twitter et je le lui ai dit en privé», a-t-il lancé. «Je pense que ce serait une bonne chose que le président soit un peu plus rigoureux dans sa communication».