La justice américaine a annulé vendredi la condamnation pour meurtre d'un ancien agent de sécurité de la société Blackwater ainsi que les peines de prison de trois de ses collègues qui avaient tué au moins 14 civils irakiens en 2007.

Les quatre hommes, qui circulaient à bord de véhicules blindés, avaient ouvert le feu à la mitrailleuse et jeté des grenades sur un carrefour très fréquenté de Bagdad. La fusillade avait fait au moins 31 victimes civiles, dont des femmes et enfants, tuées ou blessées.

Les quatre agents avaient assuré avoir été la cible de tirs d'insurgés, une affirmation contredite par les témoignages et les procureurs.

La bavure avait suscité un scandale international et Blackwater était devenue le symbole de ces sociétés très controversées accusées d'opérer en pleine impunité sous contrat avec le gouvernement américain.

Trois des agents, Dustin Heard, Evan Liberty et Paul Slough avaient finalement été condamnés en 2014 pour homicide volontaire par utilisation d'une mitrailleuse, une circonstance aggravante qui leur avaient valu trente ans de prison.

Le quatrième agent, Nicholas Slatten, accusé d'avoir tiré le premier, avait été reconnu coupable de meurtre et condamné à la réclusion à perpétuité.

La cour d'appel de Washington a toutefois estimé que ces décisions étaient invalides.

Dans un long arrêt montrant des désaccords parmi les trois juges, la cour a estimé que l'utilisation d'une mitrailleuse ne pouvait être retenue comme circonstance aggravante car cette arme faisait partie de l'équipement standard des agents de sécurité.

Les juges ont donc annulé les peines de MM. Heard, Liberty et Slough, et renvoyé le dossier pour que de nouvelles sentences soient fixées. Leurs peines pourraient être réduites de façon importante.

«En aucune façon nous avons l'intention de minimiser le carnage ayant résulté des actes attribués à Slough, Heard et Liberty. Leurs mauvaises décisions ont causé la mort de nombreuses personnes innocentes», a commenté Karen Henderson, l'une des trois juges s'étant prononcés.

Concernant Nicholas Slatten, la cour d'appel a estimé qu'une juridiction inférieure aurait dû permettre à l'accusé d'être jugé dans un procès distinct de celui de ses collègues.

Sa condamnation a donc été annulée et il devra être rejugé, un défi en soi: pour le procès des dizaines de témoins avaient été amenés par avion de Bagdad.