Le président américain Donald Trump a emménagé à la Maison-Blanche il y a exactement six mois, un jalon qu'il a marqué par une attaque en règle contre son procureur général au sujet de l'affaire d'ingérence de la Russie dans l'élection de 2016.

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Dès son investiture le 20 janvier, M. Trump a été secoué au fil des révélations et rebondissements dans cette affaire qui, désormais, touche directement sa famille puisque son fils aîné doit être interrogé au Sénat la semaine prochaine.

Malgré le désaveu cinglant du chef de l'exécutif, Jeff Sessions a fait part jeudi de son intention de rester à son poste de procureur général des États-Unis.

«J'ai l'honneur de servir en tant que procureur général. C'est un honneur qui dépasse ce que j'aurais jamais pu imaginer», a déclaré Sessions lors d'une conférence de presse. «Je prévois de continuer à le faire pour aussi longtemps que ce sera approprié».

Dans un entretien au New York Times, le président a assuré qu'il n'aurait jamais nommé M. Sessions s'il avait su que ce dernier se récuserait dans l'enquête de la police fédérale (FBI) concernant l'affaire russe.

Le milliardaire de 71 ans a abandonné ce faisant l'un de ses plus influents partisans de la première heure, en suggérant qu'il l'avait trahi et qu'il regrettait l'avoir choisi.

«Comment pouvez-vous accepter un poste et ensuite vous récuser? S'il s'était récusé de lui-même avant de prendre le poste, j'aurais dit "Merci Jeff, mais je ne vais pas vous prendre"», a affirmé Donald Trump au New York Times (NYT).

«C'est extrêmement injuste, et je pèse mes mots, pour le président», a-t-il ajouté, fragilisant l'un des membres les plus importants de son gouvernement.

Jeudi, sa porte-parole Sarah Huckabee Sanders a toutefois nuancé ces propos, assurant que le président Trump «a clairement confiance en (Jeff Sessions), ou il ne serait plus procureur général».

Limites à l'enquête

La charge contre son procureur démontre la préoccupation du président concernant les accusations liées à la Russie, en premier lieu les soupçons de collusion entre des membres de son équipe de campagne et des responsables russes.

Dans l'entretien au NYT, il a également mis en garde Robert Mueller, procureur spécial chargé de l'enquête du FBI sur l'affaire.

Selon le milliardaire, les finances de la famille Trump seraient hors des limites de l'enquête. «Je n'ai aucun revenus de Russie. Je ne fais pas affaire avec la Russie», a-t-il affirmé.

Son premier semestre à la tête des États-Unis a été sans nul doute le plus chaotique et controversé de l'histoire américaine moderne.

Il a tenu sa promesse de secouer Washington, en faisant fi à maintes reprises des traditions et en ignorant sciemment décorum et prudence en général attachés à la fonction présidentielle.

Mais ses grands engagements de campagne, qui ont parfois déclenché de vives polémiques, restent pour la plupart irréalisés.

Il a essuyé deux camouflets majeurs: la réforme de la santé a échoué faute d'avoir convaincu un Sénat pourtant à majorité républicaine et son décret anti-immigration a été retoqué plusieurs fois en justice et n'a obtenu de la Cour suprême qu'une application partielle.

«C'est dur. C'est un chemin très étroit, sinueux. Vous pensez être arrivé et ensuite vous perdez du terrain de l'autre côté parce que vous vous êtes relâché. C'est un processus brutal», a souligné M. Trump. «Des gens intelligents, des gens solides, ne pourraient y parvenir».

De son côté, la Maison-Blanche a salué jeudi quelques succès présidentiels comme la nomination d'un juge conservateur à la Cour suprême ou encore la bonne santé de l'économie.

«L'impact du président Trump sur l'économie a été immédiat, dopant la création d'emplois à travers le pays», a indiqué l'exécutif. «En juste six mois en poste, le président Trump a engagé l'action historique d'éliminer des règlementations inefficaces et coûteuses ayant entravé les Américains travaillant dur».

Le milliardaire s'est rendu jeudi au Pentagone pour attirer l'attention sur l'une des rares réussites depuis son entrée en fonction: le recul du groupe État islamique (EI).

«Nous faisons très bien contre l'EI. L'EI tombe vite, très vite», a déclaré M. Trump, qui avait fait d'une victoire rapide contre le groupe djihadiste l'une de ses principales promesses de campagne.

AP

Robert Mueller